Ngaoundéré : Installation d’un évêque sous haute sécurité

Yanick Yemga| 1er Décembre 2009| Mutations

Le Révérend Thomas Nyiwé placé à la tête de l’Eelc dans une cathédrale assiégée par les forces de maintien de l’ordre.

Dimanche 29 novembre 2009, il est à peine 8h à Ngaoundéré. Devant l’église du millénaire rebaptisée «cathédrale du millénaire» à la faveur du basculement de cette église dans le système épiscopal (avant système présidentiel), plusieurs personnes s’affairent à diverses taches dans l’optique de donner un éclat particulier à la cérémonie du jour ; l’installation du révérend Thomas Nyiwé comme tout premier évêque national de l’Eelc.
Une installation qui se déroule dans un contexte on ne peut plus particulier, marqué par de fortes tensions au sein de cette église et des menaces persistantes de sabotage de l’évènement.

Autant d’éléments qui justifient la mobilisation autour du lieu des cérémonies, de plus d’une cinquantaine d’éléments des forces de maintien de l’ordre pour «prévenir des éventuels débordements» comme l’a martelé Joseph Temdé le n°1 du commissariat central de Ngaoundéré.
Le décor est somptueux dans ce temple à l’architecture à la fois antique et futuriste. Des centaines de pasteurs et autres religieux ont répondu présents à cette cérémonie. Parmi eux l’archevêque Baba Nemuel du Nigéria, l’évêque Olav Skjevesland de Norvège et David Zellmer des Etats-Unis. Autres invités non moins prestigieux, le secrétaire général de la région de l’Adamaoua Zang 3 accompagné de tout l’Etat major du gouverneur. Même le délégué du gouvernement Hamadou Dawa, a répondu personnellement présent. Des présences qui témoignent d’une certaine façon du soutien et du crédit que les autorités administratives de la région de l’Adamaoua dans leur ensemble, accordent à l’église évangélique au cameroun.

Bataille juridique

Pendant que la cérémonie de l’installation de thomas Nyiwé bat son plein dans le décor féerique du temple du millénaire, une centaine de fidèles de Béthel 2 fait culte dans leur chapelle à l’autre bout de la ville. Le culte est dit en langue Gbaya par un évangéliste. Selon l’évangéliste Paul Adamou, «nous ne reconnaissons pas ce changement de dénomination de notre église. Pour nous l’Eelc signifie l’église évangélique luthérienne du Cameroun et non au Cameroun. Et puis nous nous méfions de se rapprochement que le Dr Thomas Nyiwé est entrain de faire avec des églises qui ont consacré l’homosexualité». A la question de savoir si leur attitude consacre la séparation tant annoncée, l’ancien d’église Zataou Ruben précise «nous avons porté plainte en justice, car pour nous l’existence de cette église n’est pas légale, et nous ne failliront point jusqu’à ce que justice soit faite». L’homme insiste d’ailleurs pour indiquer que d’autres congrégations à l’instar de Bamyanga auraient fait culte comme Béthel 2 dans leur paroisse respective au mépris des recommandations indiquant leur fermeture le jour de l’installation.

La sommation a été remise entre les mains du Révérend André Djedou alors président du comité national d’organisation de l’évènement. Selon les termes de cette sommation «une fois le tribunal saisi l’installation ne pourra avoir lieu qu’en vertu et en exécution de la grosse de la décision de justice devenue définitive, et non en vertu d’une quelconque autorisation administrative». c’est qu’en réalité en date du 26 novembre 2009, «les fidèles de l’église évangélique luthérienne au Cameroun» ont saisi le juge de référé aux fins de voir «ordonner la suspension de l’installation d’un évêque national de l’Eelc», ils ont été débouté et entendaient relever appel dès le lundi 30 novembre 2009. En attendant, le révérend Thomas Nyiwé a bel et bien été installé sans le moindre incident comme tout premier évêque national de l’église évangélique luthérienne au cameroun.