Yaoundé : Alerte au choléra

Un cas a été déclaré dans le train en provenance de Ngaoundéré, hier matin.

La sérénité habituelle observée à la gare ferroviaire de Yaoundé a été perturbée hier, mardi, par une rumeur persistante. L’épidémie de choléra qui s’est déclenchée dans la partie septentrionale du Cameroun, aurait fait de nombreuses victimes dans le train 192 en provenance de Ngaoundéré et transportant 1500 passagers environ.

Lorsque le train entre en gare aux environs de 11h 30 minutes, le dispositif d’alerte de circonstance est déjà en place. Sirènes d’ambulances médicalisées, cordons de sécurité, déploiement de forces de l’ordre, équipes médicales, agents d’assainissement d’une entreprise requise spécialement pour la cause, et une société de gardiennage chargée de la sécurité de la gare, etc., sont à pied d’œuvre sur un quai transformé en véritable hôpital de campagne. Le docteur Bilounga, médecin-chef du district de santé de Djoungolo, s’affaire avec la quarantaine de personnels, dont quatre médecins, mobilisés pour la circonstance. Portant des cache-nez, des masques et des gants stériles, les personnes requises aident les passagers à sortir du quai de la gare.

Tous les passagers sont convoyés vers une aire de désinfection aménagée pour la circonstance. Systématiquement, ils sont invités à se laver les mains, à marcher sur des serpillières imprégnées d’eau chlorée, et à prendre une dose Doxycicline (un à trois comprimés selon l’âge), un antibiotique utilisé dans le traitement du choléra. Même les personnes venues s’enquérir de la situation reçoivent le traitement. Tous les wagons du train seront désinfectés à l’aide d’eau stérilisée à l’aide de chlore et d’eau de javel.

Réhydratation
Mais déjà, les signes présentés par quelques passagers ne manquent pas d’intriguer. Certains vomissent sur le sol, rejetant les restes de leurs repas, de même qu’un liquide verdâtre. « Toutes les personnes que vous voyez vomir ne sont pas forcément atteintes », tient à rassurer le docteur Bilounga. « Certaines personnes réagissent simplement au médicament qu’ils viennent de recevoir, parce qu’ils l’ont pris à jeun. Et comme vous pouvez l’imaginer, c’est la période du jeûne du Ramadan pour les musulmans », ajoute-t-il. Pour les cas les plus sérieux, ils sont transportés dans l’une des ambulances médicalisées, où ils reçoivent des soins plus intensifs, notamment une réhydratation par voie intraveineuse.

Rencontré sur le quai de la gare, un employé des chemins de fer ayant effectué le voyage de Ngaoundéré à Yaoundé dans ce que les uns et les autres appellent désormais le «train du choléra », et qui a requis l’anonymat, déclare que l’incident s’est déclenché peu après la gare de Nanga Eboko, chef-lieu du département de la Haute Sanaga. Un passager, qui sera identifié plus tard comme citoyen nigérian, a présenté des signes de la maladie, des vomissements et la diarrhée. Informées, les autorités de la Camrail vont immobiliser le train pendant une heure à Mbandjock, et le passager suspect sera débarqué et remis à la disposition d’une équipe médicale du district de santé de la ville. Mais déjà, les passagers de la voiture seront isolés, pour circonscrire l’épidémie. Aux dernières nouvelles, le cas a été totalement maîtrisé, selon le Dr Daniel Ekoa de l’hôpital de district de Mbandjock, joint par la Crtv. Selon le Dr Saa, le directeur de la promotion de la Santé au ministère de la Santé publique, le choléra a déjà atteint, depuis la date officielle de déclaration du premier cas, le 06 mai 2010, 4500 personnes. Plus de trois cent malades sont déclarés morts aujourd’hui.

Jacques Bessala Manga et Adrienne Engono|8 Septembre 2010|Le Jour|