Par lemessager | Mardi 23 mars 2010 | Le Messager
Haut comme trois pommes, le mec débordait d’autorité sur le champ du jeu lorsqu’il arbitrait un match. La seule présence de Kamdem Stanislas sur le terrain suffisait à annihiler chez les 22 acteurs toute intention de tricherie et d’anti-jeu et partant, à les inciter plutôt à plus de correction. Doté de qualités athlétiques insoupçonnées, Kamdem Stanislas, qui courait sur le terrain autant que les 22 joueurs, se trouvait presque toujours au cœur de l’action, à l’endroit où survenait la faute ; de telle manière que lorsque strictement il faisait retentir son coup de sifflet, il n’y avait pas objet à contestation. Réputé pour sa rigueur et son inflexibilité sur les lois du jeu, il avait rapidement gagné l’estime des autorités du football tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du triangle national.
Arbitre de match à risque
C’est ainsi qu’il allait être chargé, le clair de sa riche carrière, à diriger les matches à grands enjeux si ce n’est à hauts risques. Comme celui, par exemple, qui en 1972 opposa à Kinshasa, en République démocratique du Congo (ex. Zaïre), les Léopards (l’équipe nationale) aux Eperviers du Togo. C’etait à l’époque où le football zaïrois connaissait la splendeur et dominait en Afrique. Les clubs du Zaïre, pas plus d’ailleurs que l’équipe nationale qui s’identifiait au président Mobutu lui-même étaient imbattables qui plus est chez eux au Zaïre. La mission confiée à l’arbitre international camerounais s’avérait donc délicate et difficile à la fois. Le match comptait pour les éliminatoires zonales de la coupe du monde. Le stade Tata Raphaël (actuellement stade du 20 mai) fait le plein d’œuf. Le public totalement acquis à la cause de son équipe, la porte à bout de bras, mais Kamdem Stanislas reste de marbre. Seuls comptent pour lui les lois du jeu. Et voici que dans le feu de l’action, les Léopards marqueront. Kamdem Stanislas verra un hors-jeu ; et annulera le but ; malgré l’insistance du 1er juge (aujourd’hui 1er assistant) à qui l’arbitre camerounais demande instamment de bien tenir son drapelet. Le stade hurle, mais cela ne changera rien à la décision. Plus que l’application des lois du jeu, il faut s’armer de courage et d’une certaine hardiesse pour prendre pareille décision en défit de toutes les menaces. Alors que le public voulait le lyncher, le président Mobutu, plutôt sidéré par la bravoure de Kamdem Stanislas, le conviera au palais pour l’encourager dans cette voie et le féliciter en lui remettant une jolie canne et une importante somme d’argent.
La loi du jeu et rien qu’elle
Autre exemple : les interpoules de 1986 battent leur plein ; un duel oppose Union d’Abong-Mbang à Targan d’Obala qui compte pour la dernière journée du tournoi. L’équipe d’Obala n’a plus d’autre alternative que gagner pour accéder en 1ère division ; tout comme une défaite est interdite à son adversaire qui a déjà un pied en 1ère division. Kamdem Stanislas va arbitrer le match dans le strict respect des lois du jeu. Au final, les 2 équipes vont se séparer sur un score de parité synonyme de la non montée de Tarzan. Mais les footballeurs d’Obala vont s’en prendre à l’arbitre ; rouant Kamdem Stanislas de coups et le roulant dans la boue au stade de la Réunification devant un public médusé et outré.
La consécration de la CAF et la FECAFOOT
Arbitre international aux qualités professionnelles indéniables, Kamdem Stanislas comptait parmi les meilleurs sifflets du continent africain voire au-delà, puisqu’il avait eu à diriger des matches au plan mondial dont la coupe du monde militaire en 1975 en Allemagne, et celle junior en 1981 en Australie. Pourtant il sortira par la pétite porte à l’issue de ce match maudit de 1986 au stade de la Réunification. Humilié par les siens. Comme quoi nul n’est prophète en son pays.
C’est certainement en reconnaissance des bons et loyaux services rendus au football que la Confédération africaine de football (CAF), en union avec la FECAFOOT, ont tenu à récompenser Kamdem Stanislas 69 ans et mal voyant aujourd’hui, en lui décernant la médaille de l’ordre du mérite en argent (CAF) et le diplôme de l’honorariat qui lui a été remis au stade de la Réunification, il y a une semaine aujourd’hui par David Mayebi, vice-président de la FECAFOOT. Mieux vaut tard…
Germain Koumyo Ekwè
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