Rigobert Song met fin à sa carrière internationale: Le discours de Rigobert Song à l’hôtel Hilton | Cameroonwebnews| Site d’information et d’opinions sur l’actualité du Cameroun

Rigobert Song Acceuilli par un groupe de danse traditionnelle

Le discours de Rigobert Song hier à l’hôtel Hilton : « Les Lions Indomptables me survivront »

Mesdames et messieurs, permettez-moi avant tout de vous remercier d’avoir accepté de vous soustraire de vos obligations dominicales pour répondre à l’invitation que je vous ai adressée.

Je voudrais bien m’excuser pour les contraintes que vous impose le choix d’un jour de repos pour ces retrouvailles. J’ai sollicité cette rencontre pour partager avec vous, et à travers vous, l’ensemble des Camerounais, le regard que j’ai porté sur ces années durant lesquelles j’ai eu l’insigne honneur de servir mon pays au sein de notre équipe nationale de football, Les Lions Indomptables.
Pendant 10 années, j’ai été le capitaine des Lions Indomptables. J’ai sollicité votre présence à mes côtés pour que vous soyez les premiers témoins de ma décision de mettre un terme à ma carrière internationale avec notre très chère sélection nationale de football du Cameroun.

Je dois vous avouer qu’en embrassant le football comme activité professionnelle, je ne m’étais pas imaginé qu’il m’apporterait autant d’épanouissement. Jeune pensionnaire de l’école de football des Brasseries du Cameroun, puis sociétaire du Red Star de Bangou, ensuite du Tonnerre de Yaoundé, rien, de ma culture, ni dans mon imaginaire d’adolescent, ne me laissait rêver d’innombrables moments de joie que j’ai vécus par la suite. Grace aux expériences uniques que j’ai pu vivre, j’ai repoussé les horizons et élargi le champ de mes succès, de mes plaisirs et de ma connaissance. J’ai pu disputer des rencontres avec des personnes exceptionnelles qui m’ont tout offert. Un peu d’elles-mêmes, me permettant de me bâtir chaque jour un peu plus.
Intégrer l’équipe nationale de football dès la catégorie des cadets m’a forgé très tôt par rapport à la patrie. J’ai apprécié et mesuré la charge que constituait le fait de représenter la nation camerounaise là où sa fierté se négociait. (…)

L’équipe nationale est sacrée
Ayant moi-même hérité de glorieux ainés qui ont porté nos espoirs au-delà des frontières, j’ai toujours agi avec respect, ayant toujours à cœur de hisser très haut notre étendard. J’ai ainsi passé 16 ans de ma carrière dans l’équipe nationale de football du Cameroun à laquelle je crois avoir tout donné. En retour, on m’a consacré comme un modèle. Les nombreux discours du chef de l’Etat, invitant la jeunesse à s’inspirer du modèle des Lions Indomptables, ont été un engrais pour nos multiples conquêtes.
Je profite de cette occasion pour vous dire que pour moi, l’équipe nationale a toujours été sacrée. Elle doit le rester. Elle le restera. Je souhaite de tous mes vœux que les Lions Indomptables me survivrent. Ils me survivront parce que les hommes passent et que la nation demeure.

Permettez-moi de profiter de cette occasion pour vous remercier du fond du cœur, tous ceux qui, de prés ou de loin, ont apporté leurs prières à ma carrière. Je remercie tout particulièrement le premier sportif camerounais et son épouse, pour l’attachement permanent et constant au destin des Lions Indomptables. Ma reconnaissance va à la Fédération camerounaise de football sous l’égide de laquelle j’ai fait ma carrière. Ma gratitude va aux différentes générations de coéquipiers avec lesquels j’ai cheminé. J’ai une pensée particulière pour Marc Vivien Foé, mon frère d’armes. Je remercie ma famille qui m’a entouré de son affection et maintenu en moi la flamme du surpassement. Je remercie mes amis pour leur soutien fraternel. Je ne saurais terminer ces remerciements sans m’adresser aux supporters, nombreux et anonymes qui, en tout temps, m’ont témoigné soutien et amitié. Je n’oublie pas la presse. Cette sentinelle vigilante, miroir parfois déformant, mais partenaire des Lions Indomptables. Je loue Dieu Tout Puissant qui a tracé ma voie, m’a inondé de sa grâce et m’a permis de bénéficier de l’immensité de sa bonté.
Je vous remercie ».

Extrait de l’entretien de l’ancien capitaine des Lions avec les journalistes. Entretien au cours duquel il a pratiquement tout botté en touche.

Beaucoup de journalistes et supporters des Lions Indomptables sont venus à la conférence de presse de Rigobert Song hier à l’hôtel Hilton de Yaoundé dans l’espoir d’assister au grand déballage. N’a-t-on pas présenté l’ancien capitaine des Lions comme celui qui, sournoisement et perfidement, a orchestré le désordre dans la tanière pendant la campagne foireuse du Cameroun en Afrique du Sud ? On attendait donc sa part de vérité.

Dès le coup d’envoi des échanges avec les journalistes, Chantal-Roger Tuilé, journaliste et maître de la cérémonie, donne le ton d’une conférence de presse qui restera pendant longtemps un sommet de la langue de bois, en circonscrivant la surface d’intervention des journalistes. « Nous comptons sur vous, Chers Confrères, pour ne pas oser des questions à Rigo sur les déboires des Lions Indomptables. Rigobert Song part sans rancune et il n’est pas question de parler d’un joueur en particulier. Posez-lui des questions sur son avenir », prévient-il. Excès de zèle de la part du maître des cérémonies ? Certainement. Puisqu’on verra Rigo le supplier de le laisser répondre à certaines questions, sans succès.

Et comme de bien entendu, Rigo reste fidèle à cette ligne tracée par celui à qui il donne du « Tonton ». Il esquive les questions, botte certaines d’entre elles en touche, à la grande déception des journalistes et autres supporters. Il nie toute responsabilité dans le désordre au sein des Lions pendant la Coupe du Monde. Et rien de plus.

Que s’est-il passé dans la tanière des Lions en Afrique du Sud ? Quel est le rôle que l’ancien capitaine des Lions a joué dans l’ambiance délétère qui a régné au sein du groupe ? Quels sont désormais les rapports entre Rigo et son successeur au poste de capitaine ? Comment s’est passé le passage de témoin entre Rigobert Song et Eto’o ? Aucune réponse à ces questions. Les Camerounais continueront de se contenter de la rumeur et des ragots.

Sur le souvenir qu’il garde de ses 16 ans en équipe nationale

J’ai des souvenirs inoubliables. Je n’en ai gardé que les meilleurs avec l’équipe nationale du Cameroun. J’ai gagné deux fois de suite la Coupe d’Afrique des Nations, en 2000 et en 2002. Ce sont des moments inoubliables pour un footballeur de haut niveau. Merci à tous mes coéquipiers avec qui nous avons bataillé pour garder l’image du Cameroun toujours au plus haut.

Sur son avenir
Ce que je compte faire après ma carrière ? Je n’y pense pas encore. Pour le moment, je suis encore en activité. Après cela, j’aurai à faire un bilan pour essayer d’entrevoir la suite.

Part-il de son propre gré ?
Je tiens à vous rappeler qu’avant même le début de la Coupe du Monde, j’avais déjà annoncé que je mettrai fin à ma carrière. Cette volonté de partir est bien de moi. A un moment donné, il faut savoir partir. Je pars avec honneur. J’ai décidé d’arrêter avec l’équipe nationale parce que j’ai le sentiment d’avoir tout donné. Je n’ai eu de pression de qui que ce soit. Pendant toutes ces années, j’ai apporté ce que je pouvais, avec votre soutien, et je pense que le moment du bilan est arrivé et je suppose qu’il n’est pas négatif. Je pars avec fierté.

Sa part de vérité sur la débâcle des Lions en Afrique du Sud
Je sais que beaucoup de choses ont été dites à mon sujet pendant cette Coupe du Monde. De vous à moi, pensez-vous qu’un père qui, après avoir accouché d’un enfant, laisse qu’il devienne quelqu’un, puisse gâcher tout ça par la suite ? Non, je ne le pense pas. J’ai été capitaine des Lions. Nous avons connu des moments difficiles et à aucun moment, on ne m’a entendu dire quoi que ce soit. Je sais respecter les gens. Tout ce qui a été dit sur mon compte est totalement faux. J’ai su rester là où on m’a demandé de rester.

Sur la relève
Je fais confiance à mes coéquipiers. Je laisse une équipe qui a beaucoup à prouver. C’est une équipe qui est à 90% renouvelée. Il faut lui laisser un peu de temps. Il y a des gens qui vont continuer ce que nous avons commencé. Je pense que la nouvelle génération peut faire mieux que nous autres. A 34 ans, je ne peux plus faire mieux que ce que j’ai fait il y a 10 ans. Je prends ma retraite.

Un successeur ?
Comme partout ailleurs, il y a un successeur. Il y a des leaders qui sont restés.
Sur le passage de témoin avec son prédécesseur et avec son successeur
Tout s’est bien passé. Le relai a été donné et chacun de nous a sa façon de gérer les choses. Je fais confiance au nouveau capitaine qui a la charge de porter cette équipe au plus haut. Je suis confiant. Je sais qu’on ne peut pas être comme tout le monde le souhaite. Chacun a ses qualités.

Sur Paul Le Guen
Je pense tout simplement qu’il faudrait qu’on sache respecter la manière de fonctionner de chacun. Lorsque Paul Le Guen est arrivé, je ne dirais pas que j’ai été pénalisé. Même en club, il arrive des fois qu’on ne soit pas sur le terrain. Je pense simplement que j’ai vécu quelque chose que je n’avais pas vécue pendant longtemps. Ça ne m’a pas dérangé plus que ça. J’ai respecté ses choix ainsi que ses méthodes.

Jean-Bruno Tagne|Lundi, 02 Août 2010|Le Jour|