Opération épervier : Catherine Abena hospitalisée depuis 10 mois

L’ex-Secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires est internée à l’hôpital central de Yaoundé depuis le 14 janvier 2010.

Lundi 1er novembre 2010, il est un peu plus de 11 heures à l’hôpital central de Yaoundé. Là, devant le pavillon haut standing situé derrière la salle des conférences Laurence Vergne, les usagers vont et viennent.

A l’intérieur, nous apprend une source à l’hôpital central, «madame Abena est encore là. Elle est malade !» L’un des agents de sécurité en poste ce jour-là confirme la présence en ce lieu de l’ex-secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires. «Madame est là. Mais pour la voir, c’est un peu compliqué ! Il faut attendre que quelqu’un vous introduise. Nous ne pouvons rien décider ici», dit-il calmement. C’est l’heure des visites et les usagers ne cessent de pénétrer dans le pavillon. Des infirmiers devisent en toute sérénité tout près du couloir qui mène dans la salle de la malade. Aucun dispositif de sécurité particulier n’est visible. En d’autres temps, quand l’ex ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah y était, gendarmes, policiers et gardiens de prisons avaient presque quadrillé le pavillon. Mme Abena elle aussi, était sous haute surveillance. Aujourd’hui, indique une source ayant requis l’anonymat, «il y a moins de dérangement mais les gardiens sont là. Ils sont allés manger. Ils seront là bientôt», précise-t-il.

Cela fait 10 mois que Marie Catherine Abena Eyenga séjourne à l’hôpital central de Yaoundé. Elle y arrive le 14 janvier aux environs de 17 h à bord d’une Hiace de couleur blanche. Sous forte escorte, elle est conduite au pavillon Réanimation et Soins intensifs. Motif de son internement, une grève de la faim entamée dans les cellules de la direction de la police judiciaire (Pj) au quartier Elig-Essono à Yaoundé. A l’époque des faits, plusieurs personnalités et hommes d’église se dépêchent à son chevet. On apprendra d’ailleurs que le secrétaire d’Etat à l’administration pénitentiaire, Emmanuel Ngaffesson, ainsi que des hommes d’église de l’aumônerie de la prison centrale de Kondengui, et des membres de sa famille iront l’exhorter à rompre la grève. Au bout d’une demi douzaine de jours, elle met fin à sa grève, mais, n’a pas encore de tonus. Un peu plus de deux mois passés en réanimation, elle est transférée au pavillon Haut standing. Elle s’y trouvait déjà lorsque M. Abah Abah est lui aussi arrivé de la prison centrale de Yaoundé.

Agée de 55 ans, Marie Catherine Abena Eyenga est accusée d’avoir détourné de l’argent appartenant à l’Etat du Cameroun du moment où elle était Secrétaire d’Etat au ministère des Enseignements secondaires. Elle est interpellée en janvier 2010 avec des anciens responsables du ministère. Il s’agissait d’Eboutou Akono épouse Minlo’o, maire de Mengong, ex-contrôleur financier, Akoa Akoa, Inspecteur des services, Jean Rouly Mbila, ex-directeur des Examens, des Concours et de la Certification, Augustin Mvondo Mvondo, ex-chef de la cellule Ppte (pays pauvres très endettés), Hilaire Njewel, l’actuel chef de la cellule de communication du Minsec. C’est d’ailleurs à la Pj qu’elle entame une grève de la faim pour marquer sa protestation. Quelques jours plus tard, elle est transférée à la prison centrale de Kondengui où elle est placée en détention préventive.

Flore Edimo | 3 Novembre 2010| Le Jour|