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Siegfried R. Dibong* : Logo du Cinquantenaire : entre plagiat et usurpation

Posted by Admin on May 12th, 2010 and filed under Culture. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Le Jour|Mercredi 12 Mai 2010 | Le Jour|

Cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification le logo officiel dévoilé. » ainsi titrait le quotidien Cameroon Tribune à la une de sa parution du mercredi 21 avril 2010. La photo du logo en couleur couvrait une demi-page.
Afin de dissiper malentendus, confusion ou amalgame, il convient, d’entrée de jeu, de saluer l’organisation du concours du logo des cinquantenaires. Tous les esprits épris de progrès devraient y souscrire. L’occasion est exceptionnelle. Elle est favorable à l’éclosion des génies nationaux. Elle permet de « titiller » les talents émergents et susciter leurs légitimes ambitions. Le nombre de concurrents, qui s’est élevé à 241, traduit clairement l’engouement des jeunes pour pareils défis. Ce chiffre record interpelle les promoteurs du concours et leur offre un sujet de méditation intéressant pour l’avenir proche ou lointain.
Cela dit, je dois humblement avouer que je ne suis pas critique d’art. Je n’en ai pas la formation, loin s’en faut. Mais je crois fermement au bon sens pratique et à la compréhension des choses et des situations fondée sur une réflexion objective et sereine. Ma formation de base d’Ingénieur de Génie Civil m’est de ce fait fort profitable. Je crois par ailleurs  à la liberté d’expression, socle du débat démocratique.

J’ai mon opinion sur le logo officiel des cinquantenaires. Il m’est loisible de l’exprimer, comme d’autres Camerounais sont libres d’exposer ou non les leurs. C’est une affaire citoyenne. Je livre donc aux Camerounais mon analyse du logo officiel des cinquantenaires.
De prime abord, l’œuvre choisie et  primée dégage l’impression fugitive du « déjà vu ». Curieusement, celle-ci s’insinue dans l’esprit et s’enracine au fur et à mesure que l’observation s’affine. Les éléments essentiels se précisent : les armoiries de la République ; les mains ouvertes ; le « triangle national »; la colombe de la paix. Le tout enfermé dans une masse de matière circulaire portant des inscriptions périphériques idoines.
De toute évidence, l’ensemble se révèle être une juxtaposition de symboles et de formes de représentation qui nous sont familiers. Pour les besoins d’analyse, examinons-les succinctement, un à un.

Les armoiries de la République
La présence des armoiries de la République dans l’œuvre laisse perplexe. J’imagine qu’elles sont une propriété collective du peuple camerounais. Je suis donc porté à croire que leur utilisation, à quelque titre que ce soit, par des particuliers, en substance dans le cadre des concours artistiques, devrait être prohibée de la  façon la plus formelle. Toutefois, pour autant que cela soit possible, la position des armoiries à la partie inférieure du logo pose problème. En raison de leur incontestable primauté, on se serait attendu qu’elles occupent la partie supérieure de l’œuvre.
Ceci étant, et pour le cas d’espèce, je considère que l’introduction des armoiries de la République dans l’œuvre primée est malsaine. Elle sert des intérêts personnels et de surcroît à des fins commerciales. Je suis convaincu que pareil usage d’une propriété collective est manifestement abusif et frauduleux. Il est par conséquent tout à fait indiqué que l’artiste pris en défaut soit passible d’une mise à l’écart de la compétition.
Il semble clair que les armoiries de la République ne peuvent pas être au mérite de l’artiste, s’agissant d’une simple copie de l’existant.

Les mains ouvertes portant le Cameroun
Même pour les esprits simples, il est facile de reconnaître le logo du RDPC parti au pouvoir, logo retouché pour la circonstance. Si les mains protégeant les flammes des intempéries sont plus écartées, c’est pour soutenir la large base du « triangle national », d’une part, et « caser » les armoiries de la République entre les deux poignets, d’autre part. En raison des modifications apportées, l’œuvre tendrait à faire croire que l’Indépendance et la Réunification sont des conquêtes héroïques du parti au pouvoir. Message d’égarement, bien évidemment ! On n’est pas loin de l’usurpation. Pire encore, l’œuvre suggère inopportunément l’idée insoutenable que cinquante ans après ces victoires historiques, le Cameroun doive être porté par des bras tutélaires. Cette vision anachronique et débilitante est embarrassante, pour le moins. Face à cette pâle imitation du flamboyant logo du RDPC, je ne puis dissimuler un profond et violent sentiment d’indignation. Il est immensément frustrant d’aliéner le légitime mérite réservé à l’original au profit de la retouche, pour parler par euphémisme.

Le triangle national
Le triangle national apparaît comme une trame forte de l’œuvre. Ses dimensions à la base ont induit une grande ouverture des mains. Le flamboiement d’une source de lumière occultée nimbe le septentrion du triangle national. S’il s’agit du soleil, comme il est naturel de le supposer, il est bien énigmatique. Est-il à son lever, à son zénith ou à son coucher ? Bien malin qui saurait le dire ! Un tel hiatus pose problème, car l’inclinaison du soleil n’est pas indifférente relativement au message à délivrer.  Le chiffre 50, qui alourdit la base du triangle, ne diminue en rien le caractère retouché du logo du RDPC, parti politique au pouvoir.

La colombe de la paix
La colombe de la paix est un détail important du logo. Ce symbole multimillénaire est devenu le symbole universel de paix. La feuille de laurier, prisonnière du bec de l’oiseau, nous est peu connue. Une feuille de palmier ou tout autre végétal de nos contrées aurait apporté un brin de « tropicalisation ». A regarder de près, la colombe de la paix ne détermine pas le fil conducteur de l’œuvre. Sa présence n’impulse  hélas  aucun mouvement entraînant au plan global. À croire, qu’il s’agirait d’un symbole, parachuté de manière circonstancielle, dans la mouvance mordorée du septentrion. Il semble équitable, s’agissant de la colombe, que l’artiste ne puisse prétendre à quelque mérite autre que celui de son adresse à reproduire ce vieux symbole universel de paix.

Les inscriptions circulaires
Les inscriptions circulaires portent sur les dates et la transcription bilingue (français et anglais) des intitulés des cinquantenaires. S’agissant des dates, celles-ci sont historiques et connues. En ce qui concerne le bilinguisme, il est consacré par la constitution et son usage est quotidien.
Pour parler de la forme circulaire elle-même, elle est belle et harmonieuse, assurément. Quelques caractéristiques géométriques du cercle sont de n’avoir aucun sommet, d’être dépourvu d’angles et de privilégier toutes les directions. En dehors de la symétrie qui leur sied à merveille, elles rendent parfois malaisée l’exploitation de l’espace intérieur. Tel est le cas de l’artiste, qui a éprouvé d’énormes difficultés à organiser les surfaces aux configurations bizarroïdes comprises entre les mains dissymétriques dorlotant le Cameroun et la couronne scripturaire du logo. Pour inscrire ces espaces dans l’œuvre en les illustrant, il a fait du remplissage en recourant aux armoiries de la République et à la colombe de la paix, deux sujets développés ci-dessus. J’ai parlé de juxtaposition de symboles ! Il n’y a guère là, pour ma part, sujet à s’extasier.

Quid des cinquantenaires en question ?
En dehors du chiffre 50 qui « densifie » la partie méridionale du triangle national et des inscriptions à la périphérie du logo officiel, on chercherait vainement une forme de représentation symbolisant la liberté, la liberté de s’affranchir des liens du néocolonialisme, la liberté entre frères de se réunir. Indépendance et Réunification constituent pourtant, nous semble-t-il, le thème central autour duquel tournent les cinquantenaires ! Ce sont ces deux événements politiques majeurs qu’il est question de fêter. On risque facilement d’être hors sujet, si on n’y prend garde. Je ne relève rien de significatif pour traduire, même partiellement, le double thème des cinquantenaires sus-visés. Même les rayons resplendissants de la source lumineuse ne peuvent guère s’épanouir pour éclairer le pays tout entier.
Malgré la juxtaposition des symboles forts et quelques reflets éclatants, l’œuvre reste globalement marquée par son caractère ordinaire. Aucune dynamique ne la sous-tend ; aucun souffle puissant ne l’anime. On chercherait vainement l’empreinte pertinente d’une idée fulgurante originale.
Pour le dictionnaire, retoucher c’est reprendre [quelque chose] en faisant des changements partiels. Le retoucheur est le spécialiste qui effectue des retouches. Je reconnais volontiers à l’artiste sa grande capacité de compilation et sa remarquable habileté à retoucher les œuvres d’autrui. Dans la catégorie des produits de l’intellect, cela s’appelle plagiat. Et celui qui est convaincu de plagiat est un plagiaire.
Le concurrent primé est un plagiaire à titre principal. Il serait inconvenant d’aliéner l’immense mérite de l’auteur inspiré du logo désormais légendaire du RDPC au profit d’un concurrent retoucheur. Il est permis de douter que ce soit l’objectif poursuivi. Compte tenu de tout ce qui précède, et parce que le peuple camerounais doit leur accorder la plus haute considération, je ne peux raisonnablement pas souscrire au choix du logo plagié des cinquantenaires des exaltants événements historiques que furent l’indépendance et la réunification du pays. Tels sont les éléments saillants qui se dégagent de mon analyse du logo officiel des cinquantenaires.

* Ingénieur Général de Génie Civil
Consultant Indépendant

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4 Responses for “Siegfried R. Dibong* : Logo du Cinquantenaire : entre plagiat et usurpation”

  1. zeus says:

    Loin d’être une création… en fait le logo illustre bien le profil des superviseurs de ce concours. renseignez vous sur leur tranche d’âge et l’intérêt qu’ils ont pour l’art… et vous auriez une conclusion rapide…

  2. eltho-daoud says:

    sa

    • eltho-daoud says:

      Curieusement les observateurs n’ont pas vus venir le manque de professionalisme du soit disant artiste.Ils étaient préoccupés à penser comment ils vont se repartir l’argent du contrubuable.Voilà quelqu’un qui va sur le net,fait quelques recherches;fait du coupé-collé,puis donne l’impression d’en être l’auteur.Vraiment je me demande parfois , si ces juris prennent souvent la peine d’analyser les choses profondement et dans quels critères se basent -ils?Evidement que certains d’entre eux ne pocèdent même pas un ordi ou alors tout simplement, ne maitrisent le procèdé

  3. PNK says:

    Je partage entièrement votre analyse du logo et j’irai même plus loin en disant que ce concours aux vues du résultat, semble tout simplement baclé.
    je n’aimerais pas apartenir au jury qui a délibéré si tenté qu’il y ait eu délibération.
    Je sais les camerounais incontestablement plus créatifs et je serai curieux de voir les autres projets…

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