Politique : Du poisson pourri à la table du Rdpc

Écrit par Xavier Luc Deutchoua| Mardi 20 Novembre 2010 | Le Jour|

La Météo présente Jacques Fame Ndongo comme l’un des commanditaires du poisson d’avril de Mutations, annonçant la candidature de René Sadi à la présidentielle de 2011. Le mis en cause se défend.

La tempête souffle au sommet du parti au pouvoir. Tel est, du moins, le sentiment que laisse dégager l’affaire du poison d’avril servi à ses lecteurs par Mutations, le 1er avril dernier. Jacques Fame Ndongo, le ministre de l’Enseignement supérieur, secrétaire à la communication du Rdp, est-il le commanditaire de cette blague au goût jugé amer dans certains cercles du Rdpc ? Le journal La Météo l’insinue, dans un dossier publié hier, sous le titre : poisson d’avril contre Sadi : les auteurs du coup démasqués »

« J’oppose un démenti formel et catégorique à l’information faisant état de mon implication dans la genèse et la conception du « poisson d’avril » relatif à la prétendue candidature de M. le ministre René Sadi, secrétaire général du comité central du Rdpc, à la future élection présidentielle » peut-on lire dans un droit de réponse adressé à La Météo, et déposé à notre rédaction hier soir, «à toutes fins utiles » par un collaborateur du ministre Fame Ndongo

L’un des trois articles incriminés, paru dans le numéro 284 de la Météo , s’interroge sur le silence de Fame Ndongo, depuis l’éclatement de cette « affaire ». Lui qui est pourtant prêt à bondir, quand le Rdpc est sur la sellette. «Avec le poisson d’avril diffusé par le quotidien Mutations, sur la candidature de René Sadi à la prochaine présidentielle, le Secrétaire à la communication du parti et directeur de publication du journal L’Action, Jacques Famé Ndongo est resté étonnamment muet. Il n’a pas jugé nécessaire d’organiser la riposte ou de réaffirmer la position du parti, à la lumière des statuts du Rdpc. Seul Christophe Mien Zok, le directeur de la rédaction de l’organe du parti s’est risqué dans le rôle de sapeur pompier, en parlant du “poison d’avril”. Son jeu de mots n’aurait pas fait sourire une certaine hiérarchie du parti. Il aurait vite compris que l’enjeu était ailleurs » écrit La Météo. «Au comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais, poursuit Rodriguez Cédric Mbida, l’auteur du brulot, il se dit que Jacques Famé Ndongo aurait dans le sang le poison de la division dans des proportions que l’on n’a jamais connues auparavant. Il ressemble à Billy The Kid. Il a la réaction prompte et décidée et on l’imagine prêt à sortir son revolver si on sert un chocolat trop chaud à Paul Biya. Sa cohabitation avec René Sadi serait un véritable bal des hypocrites».

Parmi les autres personnalités présentées comme les inspirateurs du «jeu de massacre » contre René Sadi, notre confrère cite Grégoire Owona, le secrétaire général adjoint du Comité central du Rdpc, et Laurent Esso, le secrétaire général de la présidence de la République. «Connaissant les textes de base du Parti et au regard des lois qui régissent le genre journalistique ci-dessus visé, je ne saurais poser un tel acte qui ne correspond ni à mon éthique, ni à mon engagement politique», se défend Jacques Fame Ndongo. Alors, véritable complot ou tempête dans un verre d’eau?

“Discréditer le Rdpc et son chef”

Dans une tribune publiée hier sous le titre “A quand le véritable débat d’idée?”, Jacques Fame Ndongo donne sa réponse aux adversaires du Rdpc. Extrait

“(…)le mécanisme de tétanisation du Chef de l’Etat se ramène à créer « ex-nihilo » une fantasmagorique épopée (avec plusieurs chants) articulée autour des candidatures autres que celle du Président Paul BIYA à l’élection présidentielle (feignant ainsi d’ignorer que l’article 27, alinéa 3 des statuts fait de M. le président national, à savoir S.E. Paul BIYA, le candidat du parti à l’élection présidentielle), l’on espère obtenir « a maxima », l’implosion du RDPC voire « a minima », sa fragilisation ou son inefficience opérationnelle (guerres de tranchées, luttes fratricides, diversion politicienne). L’on fait ainsi fi du principe aristotélicien du tiers-exclu (l’on ne peut être membre du RDPC et candidat à la présidentielle si l’on n’est le Président de ce Parti). Conclusion logique : un membre du RDPC (qui n’est pas le Chef de ce Parti) doit (s’il veut se présenter à l’élection présidentielle) soit créer son propre Parti, soit être investi par un Parti autre que le RDPC. Ceux qui répandent ces rumeurs nauséeuses et pestilentielles connaissent bien les textes de base du Parti. Mais, ils veulent démontrer que le Président du RDPC ne contrôle plus ses hommes, et que ce Parti va à vau l’eau, du fait de l’impéritie du Chef. Car, dans un régime présidentiel, le Président de la République est la clef de voûte de l’exécutif, voire du système. Ils connaissent aussi la maxime de Voltaire : «mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Toutefois, lorsque le mensonge est éléphantesque, il devient non seulement grotesque mais aussi et surtout burlesque.”

Par Fame Ndongo, Cameroon Tribune
n° 9582/5783 du 19 avril 2010.

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