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Verbatim: Célestin Monga Parle

Posted by Admin on Aug 2nd, 2009 and filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Au cours de l’échange avec l’assistance, l’auteur a évoqué quelques sujets d’actualité…

Le Code Biya
Vous parlez d’une hagiographie. Le Code Biya, je vais vous surprendre, mais ce livre ne figure pas dans mes préoccupations. Je ne l’ai pas lu et il ne figure pas au nombre de mes lectures. Il y a des tas de bons livres à lire et ce livre-là n’en fait pas partie.

La possible candidature de Paul Biya aux élections présidentielles 2011
D’abord ce que j’en pense n’a pas tellement d’intérêt. Je crois que je l’ai dit lorsque j’ai été interrogé dans cette même librairie, il y a deux ans. Ce serait une preuve supplémentaire, s’il en était encore besoin, qu’il a un mauvais goût. Mais, au-delà de cela, je crois aussi que les vrais problèmes de notre pays vont bien au-delà de l’individu Biya. Bien évidemment, il incarne le pays ; il occupe une fonction qui est centrale dans notre système politique. Un changement positif ne peut que donner un signal mais l’individu Biya m’intéresse très peu. Les 20 millions de Camerounais m’intéressent davantage : comment ils se portent ; comment ils organisent leurs vies, leurs systèmes éthiques, leurs ordres de valeur ; ça, ça me préoccupe plus que les spéculations de l’individu qui, à un moment est ministre, premier ministre ou président de la république. Ce n’est pas pour sous-estimer l’importance de la fonction présidentielle dans notre système, mais je crois que si Biya n’était pas là aujourd’hui, demain matin l’on se réveillerait avec les mêmes problèmes, à savoir les caniveaux qui sont remplis d’ordures, qui attirent des moustiques et qui rendent les enfants malades. Ce qui m’intéresse, c’est comment les personnes des quartiers s’organisent pour résoudre ce problème-là. Ni Biya ni Fru Ndi, ni qui que ce soit, ne se concentrera sur ces questions-là. Donc mon point de vue, sur cette question, si elle vous importe, c’est si Biya avait un gramme de lucidité pour se retirer de lui-même, il se rendrait service et, peut-être accessoirement, rendrait service au Cameroun. Mais nos problèmes ne seraient pas réglés parce que Biya n’est plus là. Dans ce pays, malheureusement, on va vers une situation où on a presque 20 millions de Paul Biya. Ça, ça me préoccupe davantage.

Les rapports des pays africains avec la Banque mondiale
Je travaille depuis 12 ans à la Banque mondiale et je peux vous dire que je m’y sens très bien. Peut-être que c’est parce que je n’ai pas les attentes que les autres ont par rapport à cette institution. Je sais exactement pourquoi j’y suis allé. Ce n’était pas mon premier job. J’ai travaillé pendant six ans comme banquier à la Bicec. Etre banquier, voilà un métier que j’ai toujours aimé, parce que ça me permet de faire des projets très concrets. Et puis la science économique, c’est une discipline que j’aime.

Pour un économiste, je crois que c’est pratiquement un des meilleurs endroits où on peut aller travailler. Vous y rencontrez quelques-uns des meilleurs économistes du monde. Joseph Stieglitz, Prix Nobel d’économie, a travaillé là-bas comme économiste en chef pendant trois ou quatre ans. C’est une institution où on rencontre beaucoup de gens très qualifiés qui viennent de toutes les régions du monde, qui ont des opinions très diverses. C’est une entreprise qui a 12.000 employés et qui est présente dans 167 pays. Le vice-président avec lequel je travaille est un Chinois. C’est l’économiste en chef actuel de la Banque mondiale. Il est très marxisant et dans son département, il y a des économistes qui ont des doctorats de Chicago ou de M.I.T. Nous passons parfois des heures dans les bureaux à discuter de toutes sortes de problèmes et, à titre personnel, j’apprends énormément de choses. Ça me plaît de voir quelqu’un qui a été pendant 20 ans conseiller aux affaires sociales et économiques du gouvernement chinois et de voir la Chine réaliser les performances actuelles. J’apprends une ou deux choses de ce monsieur-là [ …]

Maintenant, il y a l’aspect idéologique de l’institution : le libéralisme sauvage, comme j’entends souvent dire. Encore une fois, je dis que j’y suis depuis 12 ans et depuis j’ai souvent vu des délégations de dirigeants africains qui arrivent à la Banque mondiale et qui demandent : « On signe où ? L’argent arrive quand ? Le virement arrive quand ? » Alors, il est évident que quelle que soit sa conscience professionnelle, aucun économiste de la Banque mondiale de Washington ne peut connaître le Cameroun comme les économistes camerounais qui sont à Yaoundé, à Douala ou à Bafoussam. C’est la responsabilité des Camerounais de s’assurer que les gens qui les dirigent prennent en compte leurs opinions. Si vous avez une bande d’économistes de Washington qui débarquent à Yaoundé avec leurs costumes et leurs cravates qui s’installent au Hilton et, après quelques jours, vous font des propositions qui ne tiennent pas la route, je trouve que c’est quand même rapide d’aller se plaindre ensuite que c’est la Banque mondiale.
La Banque mondiale n’a jamais développé un pays. Ce n’est pas sa vocation. La Banque mondiale est une banque, c’est-à-dire que c’est une boîte qui vend de l’argent à ceux qui veulent bien aller acheter cet argent. La Banque mondiale ne force personne à prendre son argent. Alain Foka me disait un jour au cours d’une interview sur Rfi que la Banque mondiale a pris en otage les pays africains. Je lui ai dit «Arrêtez, M Foka ! Nous sommes à Washington. Nous n’avons pas une armée et puis, il y a une bande de ministres des Finances qui prennent leurs avions et vont s’installer à Washington et nous supplient de nous occuper d’eux ; nous quémandent notre fric, notre expertise et après ils se plaignent. C’est un peu rapide ».

Il y a à Yaoundé, à Douala, à Maroua suffisamment de gens qui en savent suffisamment pour que l’on aille à la Banque mondiale demander qu’est-ce qu’on va faire de la Camair. Maintenant, ça ne fait pas de mal de voir des experts qui ont travaillé sur le Brésil, sur la Russie, la Turquie donner une opinion, mais cette opinion ne doit jamais avoir valeur de loi. Ça doit rester une opinion parmi tant d’autres. La responsabilité souveraine d’établir des politiques économiques doit être celle du pays. Plutôt que de pleurnicher contre la Banque mondiale, il faut prendre en mains nos responsabilités et nous assurer que les gens qui parlent en notre nom nous représentent. C’est tout.

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