Bafang : Jean Nkueté nargue les leaders de l’opposition

Michel Ferdinand, à Bafang| 13 Décembre 2009| Mutations

Le vice Pm les a traités d’affamés au cours d’un meeting public.

Le vice-premier ministre chargé de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Jean Nkueté, était attendu à Bafang. Il y était d’autant plus attendu qu’on savait qu’il avait un mot à dire le 5 décembre dernier, au cours d’un meeting en l’honneur du ministre de l’Energie et de l’Eau, Michaël Ngako Tomdio, arrivé au gouvernement le 30 juin 2009. Les militants locaux du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ont d’ailleurs voulu saisir cette occasion pour traduire leur gratitude à l’endroit du président de la République, Paul Biya. Pour avoir ” porté un fils du village à une si haute fonction “.

Le vice Pm a beaucoup parlé. Il a tenu à marquer son indignation quant à certaines attitudes qui se développent dans le Haut-Nkam : “Nous avons demandé que, ici à Bafang, qu’il y ait une entente fondamentalement étroite, entre tous les responsables du parti c’est-à-dire les présidents de section, maires et députés autour du ministre. Ça ne sert à rien de prendre la plume pour écrire contre des gens”, a regretté Jean Nkueté. Avant de continuer : ” Parce que le ministre est le produit du jeu de la plume d’une personne. C’est cette personne qui sait pourquoi il l’a mis et quand il va l’enlever. Pendant que nous perdons le temps à écrire contre lui, ça l’empêche de travailler. Et c’est nous qui perdons.

L’Ouest a trop perdu. J’étais surpris que les Bafang, originaires même du village, veuillent renverser leur chef, assis sur un fauteuil. J’étais surpris que n’importe qui vienne insulter M. Kadji Defosso “. Considéré, à tort ou à raison, comme étant l’ami de Paul Biya et faiseur de ministres pour la région de l’Ouest, Jean Nkueté en a appelé à l’union des forces au sein du parti au pouvoir à Bafang, pour supporter le président de la République sans condition. Il a trouvé au promoteur du ”Renouveau” l’homme qu’il faut. Parce que, croit Jean Nkueté, les partis d’opposition ne peuvent rien impulser : ” L’Afrique n’est pas suffisamment mûre pour que l’opposition apporte quoi que ce soit. En Europe, les opposants sont des grands entrepreneurs qui ont la capacité de transformer. Mais chez nous, ce sont des gens qui n’ont rien à manger… “.

Les uns ont applaudi à tout rompre, tandis que les autres en ont trouvé une provocation. Le message était déjà passé. Le meeting tenu à la place des fêtes à Bafang a mobilisé près de 3000 personnes, même si certains estiment que les organisateurs y ont fait venir des ressortissants du Sud-Ouest et du Nord-Ouest (familles adoptives du M. Tomdio), pour parer l’éventualité d’un boycott prôné par des fils du Haut-Nkam. On ne l’ignore pas. Depuis l’interpellation d’Alphonse Siyam Siwé, ex Dg du Port autonome de Douala (Pad) et ancien Minee, les Bafang sont divisés quant au choix du futur leader-rôle joué par M. Siyam Siwé-devant conduire les militants du Rdpc.

Si le président du comité d’organisation de ce rendez-vous, Lucien Wantou Siantou souhaite que le Haut-Nkam soit plus que mobilisé derrière les idéaux du Rdpc, Michaël Ngako Tomdio ne trouve pas moins que ses ”convillageois” doivent tourner le dos à la l’exclusion et à la médisance. On espère que le natif de Babouantou fera l’unanimité, lui qui a souvent été considéré comme étant de culture anglophone.