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Mœurs /Enquête:Yaoundé, capitale de la prostitution

Posted by Admin on Dec 10th, 2009 and filed under Régions. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Par jean.celestin.edjangue | Jeudi 10 décembre 2009 | Le Messager

péripatéticienne

Elles ont entre 20 et 35 ans. Gigi, 20 ans ; Emma, 22 ans ; Lili, 35 ans, font un drôle de métier. Ce sont des filles de la rue. Une expression plus acceptable pour parler des prostituées. Il y a quelques jours, ces braves jeunes filles et dames, ont accepté de nous ouvrir leur intimité, à Yaoundé, la capitale camerounaise. Leur quotidien dans la rue, avec les risques encourus, le calvaire qui les conduit à embrasser le « plus vieux métiers du monde », les efforts et résolutions pris pour arrêter la descente aux enfers, afin de retrouver une vie normale, ordinaire. Ce sont des filles et femmes blessées, parfois écorchées, mais jamais résignées que nous avons rencontrées et que nous vous proposons de découvrir. Portraits sans concession des belles de nuit du côté du Carrefour de l’Intendance.

1-Happées par la rue

Elle a des rondeurs qui caractérisent les formes des femmes de l’Ouest du Cameroun. Normal, Gigi est originaire de l’Ouest de part son père. De sa mère qu’elle appelle la « marâtre », une femme sawa, elle garde un très mauvais souvenir : « C’est elle qui m’a poussé à travailler dans la rue », clame-t-elle, quand on lui demande comment elle est devenue une prostituée alors que l’avenir lui tendait les bras : « J’étais élève en classe de 2nde G, dans un établissement privé de Douala. Puis, mon père qui était étudiant à l’université de Douala, a fait la connaissance de cette femme, de loin son aînée. Plus rien ne sera plus comme avant à la maison. Ma marâtre est allée jusqu’à soupçonner mon père d’avoir eu des relations incestueuses avec moi, tout simplement parce qu’il y avait entre nous, quelque chose de très fort, quasi fusionnel. Quand par exemple j’étais malade, c’est mon père qui s’occupait de moi », raconte Gigi. Pour fuir les mauvais traitements et autres humiliations infligés par sa belle-mère, elle va décider de quitter le cocon familial pour, tel un papillon, voler de ses propres ailes. Ses valises faites, Gigi atterrit à Yaoundé où vit son ancienne camarade de classe. « Quand j’ai accueilli Gigi, il y a quelques mois, j’ai d’abord caché ce que j’exerçais comme activité. Mais au bout de trois mois, prise par le remords, je me devais de lui dire toute la vérité : « Je lui ai confessé que j’étais streap steaseuse dans un bar de la place. J’ai senti qu’elle était réticente, elle ne comprenait pas ce que cela voulait dire. Alors, je lui expliqué que je dansais nue devant les gens. », témoigne Emma. Du haut de ses 22 ans, elle parle de la rue comme une experte. Signe incontestable qu’elle a plus d’expérience dans ce domaine que sa camarade Gigi : « La rue, vous savez, une fois que vous avez commencé à la fréquenter, elle vous happe. C’est un cercle vicieux duquel on a du mal à sortir. » Une réalité que confirme Lili, 35 ans, dont plus de cinq passés à faire le tapin. « Je ne pensais jamais être encore dans la rue aujourd’hui. Je me disais que je vais le faire un temps puis arrêter. Je me rends compte que ç’est pratiquement impossible aujourd’hui. »

2- Les risques du métier

Et pourtant, fréquenter la rue comme activité pécuniaire ne se fait pas sans certains risques. « A l’âge de 18 ans, j’ai connu mon premier amour. C’était un Turc. Je l’ai présenté à mon père, puisque je ne lui cachais rien. Il n’y avait pas de tabou entre nous. Nous sommes fiancés. Mais l’ambiance exécrable à la maison m’a décidé à tout quitter pour Yaoundé. J’ai aussi contacté mon oncle qui travaillait à l’Ecole nationale d’administration et de mgistrature(ENAM). Je croyais qu’il allait me tendre la main. Malheureusement, il n’a montré aucun intérêt en ce qui concerne ma situation. Je me suis sentie abandonnée à moi-même, complètement délaissée. », indique Gigi, avant de préciser : « Je n’oublierai jamais la date du 29 mars 2009. N’étant pas vraiment habituée au monde la rue, j’ai dû avaler deux Cordon Spark pour me défouler. J’avais rendez-vous avec une personnalité importante de la République à l’Hôtel des Députés. Ce monsieur a commencé par me demander de lui faire des choses que je n’avais jamais essayé d’effectuer. J’ai évidemment refusé. Mais il a commencé à m’appeler pute. Au beau milieu de la nuit, je me suis rhabillée et je suis sortie de la chambre. La première moto qui passait m’a transportée. Je me suis aperçue que nous étions suivis par deux autres motos qui m’ont braqué et ont pris tout ce que j’avais sur moi. Puis j’ai été débarquée. », se souvient la jeune fille, qui devra son salut à une autre moto : « Il y avait un immense monsieur assis derrière cette moto, qui s’est arrêtée et a demandé au conducteur de m’accompagner là où j’allais. Aujourd’hui encore, je suis convaincue que c’est un ange de dieu. Je suis persuadée qu’il y a un bon dieu pour les prostituées ». Les risques du métier, Emma et Lili les côtoient quotidien dans la rue : « La rue forgent un caractère. On finit par durcir, former une carapace, pour mieux se défendre face aux agressions et autres provocations. Sinon, on devient des proies faciles, livrées à tous. Parfois, quand on rencontre les grands hommes, ils vous donnent rendez-vous à l’hôtel. Généralement, ce sont les chauffeurs qui réservent les chambres. On vient simplement découvrir cela après. On travaille la peur dans le ventre. », confient-elles.

3- Sortir de la rue

Toutes ces raisons et bien d’autres encore, amènent Gigi, Emma et Lili, à vouloir quitter le travail de la rue : « Il ne faut pas dire que je ne tomberai jamais dans la rue. Mais une fois que vous y êtes, vous devez chercher comment en sortir. Une fille de 20 ans comme moi, je n’ai pas d’amis. Quand je rentre à la maison après le travail, je me retrouve seule. La musique est ma meilleure compagne. Avec la grâce de dieu, j’espère vraiment changer de vie au plus tard fin février 2010. », insiste Gigi. Et Emma de poursuivre : « La vie dans la rue ce n’est pas une vie. Nous prions notre seigneur Jésus pour qu’il étende sa main toute puissante et nous tire de là. Vous savez, on choisit rarement d’être une prostituée. C’est tellement avilissant, dégradant, déshumanisant. La vie dans la rue, c’es une vie à problèmes, de débauche et de vices », conclut la jeune femme.

Trois portraits de prostituées, qui ont en commun d’avoir été contraintes à s’adonner à cette activité, et qui comptent sur la main tendue de la société pour embrasser une vie ordinaire. Ces femmes, qui ont voulu se dévoiler au nom des dizaines d’autres prostituées à Yaoundé et des centaines autres au Cameroun, seront-elles entendues ? Il en va de l’image du Cameroun, véritable Afrique en miniature, qui est bien loin de l’image carte postale que l’on a coutume de véhiculer un peu partout dans le monde.

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