Patrice Nkollo Menye : Retour en cage du particulier errant

L’ex-chef du secrétariat d’Essimi Menye traîne depuis son enfance une réputation de délinquant.

La direction de la Police judiciaire au quartier Elig Essono à Yaoundé a fait l’objet d’un dispositif de sécurité particulier hier soir aux environs de 19h. A l’origine de tout ce déploiement de policiers et gendarmes ayant barré les routes dans les environs, le retour pour de vrai, d’un coli encombrant: Patrice Nkollo Menye. Interpellé à Libreville au Gabon le 22 octobre 2010, il s’apprêtait d’embarquer à bord d’un vol pour Paris la capitale française. Ce retour de la mission Tiwah du nom du sous-directeur des enquêtes criminelles, à la tête d’éléments conjoints de la Pj et d’Interpol, vient définitivement mettre fin à la cavale du fugitif du 23 septembre.
Un Itinéraire que rien de présidait au lendemain de sa nomination comme garde du corps du ministre délégué au Finances chargé du Budget, Lazare Essimi Menye en septembre 2006, certains ressortissants de Nkometou, leur village natal, avaient tressailli. Pour beaucoup, la nouvelle n’était pas rassurante pour le nouveau ministre du coin. Présenté comme un enfant terrible au regard de ses faits d’armes dans la gendarmerie où il exerçait non sans problème, Patrice Nkollo Menye sera présenté à son ministre de frère comme un pandore peu loyal.

Il en sera de même, en septembre 2007, lorsqu’au lendemain du double scrutin législatif et municipal, le maréchal des logis chef d’alors, est nommé chef du secrétariat particulier (Sp), du nouveau ministre des Finances Essimi Menye. Là encore, des proches de Lazare ou Emmanuel, en tout cas du nouveau ministre des Finances, vont attirer son attention sur la moralité et l’identité de celui à qui il vient de confier la direction de son cabinet en lieu et place de Cyriaque Edzogo à qui le Minfi aura reproché des abus et insubordinations lors de la campagne des législatives et des municipales.
Comme précédemment, Essimi Menye se montrera seul maître. Mieux, selon certains de ses proches, il va dévoiler à son chef de secrétariat particulier les réserves émises contre lui. Suffisant pour que le nouveau Sp mette dans sa ligne de mire, tous ceux dont les noms lui sont cités. Le temps passe. Patrice Nkollo Menye qui, semble-t-il a toute la confiance de son patron, l’isole. Des voix s’élèvent, le Sp fait le ménage. Jusqu’à ce que les premiers signaux de sa dangerosité se fassent entendre à Douala où il fit sous la couverture de la police, des recouvrements fiscaux auprès des commerçants.

Arrangement
Et puis, vient ce fameux jour de juin 2009. Patrice Nkollo Menye passa devant le «Tribunal» à Sky One radio. En direct de cette station de radio émettant de Yaoundé, il confessa ses crimes. Allant même jusqu’à proposer au présentateur de l’émission jadis populaire, Duval Ebale, «un arrangement». Faute de trop ou simple maladresse? Difficile de savoir. Toujours est-il que reconduit au gouvernement du 30 juin 2009, Essimi Menye ne va pas louper ce fils de gendarme dont le frère aîné, lui aussi gendarme, vient d’être entendu et gardé à vue à la Police judiciaire (Pj) pour attitude belliqueuse à l’endroit du sous-directeur de la police judiciaire, le commissaire divisionnaire Tiwah.
Patrice Nkollo Menye que certains disent fortuné entre temps, a acquis une villa du côté du quartier Oyomabang dans l’Ouest de Yaoundé. Dans de cette partie de la capitale camerounaise, l’homme a débuté une reconversion dans l’armée, son milieu professionnel naturel. Ici, il passe au grade d’adjudant et est nommé commandant de brigade à l’aéroport de Yaoundé Nsimalen. Jusqu’à ce fameux 02 août où il est interpellé dans le cadre de l’affaire du cambriolage survenu au ministère des Finances dans la nuit du 15 au 16 juillet 2010. Après une perquisition qualifiée de fructueuse par des éléments de la police, il est écroué à la prison centrale de Yaoundé le 13 août.

Le 23 septembre, au sortir d’une audition dans le cabinet du juge Batoum au Palais de justice du centre administratif de Yaoundé, il sème ses geôliers et prend la poudre d’escampette. Interrogée sur cette cavale, son épouse, inspecteur de police, dira ne rien savoir avant que selon des sources policières, des indices viennent l’accabler sur sa complicité présumée dans l’évasion de son époux dont les mêmes sources indiquent que la voiture a servi de moyen de locomotion. Entre temps, toujours de sources policières, l’un des enfants du couple, a tenté de se donner la mort peu avant la mise en détention provisoire de la maman, le 17 octobre.
Toujours est-il que, le vendredi 22 octobre 2010, pratiquement un mois jour pour jour, Patrice Nkollo Menye est interpellé à l’aéroport de Libreville au Gabon où il tentait de prendre un vol à destination de Paris. Deux jours auparavant, le 20 octobre. «Une curieuse démarche», a commenté un cadre de ce ministère des Finances, estimant que cette opération s’est déroulée en dehors des heures réglementaires de travail. Ce à quoi un responsable de la police a répondu qu’il s’est agit «d’une disposition spéciale visant sérénité et discrétion». L’acte de brigandage survenu au Minfi a donc été reconstitué par Jonathan Omologo et Jesthi Abouna (respectivement âgés de 26 et 24 ans), originaires du département du Mbam et Inoubou.

Léger Ntiga| 29 Octobre 2010| Mutations|