Ceci représente plus de la moitié des entreprises recensées au pays. Et parmi les entreprises qui tiennent une comptabilité, seulement 31% aboutissent à une comptabilité qui mène à la confection de la Déclaration statistique et fiscale (Dsf).

C’est une information qui donne envie de rire et de pleurer en même temps. L’information que divulgue l’Institut national de la statistique (Ins) dans son dernier recensement général des entreprises implantées au Cameroun, et présenté il y a quelques jours au secteur privé, à Douala. Même si Joseph Tedou, le directeur général de cette structure n’a pas évoqué spécifiquement cet aspect au cours de sa présentation, les statistiques sont contenues dans le rapport général commis à l’issue de l’enquête qui s’est déroulée entre août et novembre 2009. L’enquête révèle que seulement 42,9% d’entreprises camerounaises tiennent une comptabilité écrite, contre 57,1% qui n’en tiennent pas du tout. Ceci voudrait seulement dire que plus de la moitié des entreprises établies au Cameroun ne connaissent pas les notions de comptabilité pourtant prescrites par l’Acte uniforme Ohada. Concrètement, il y a plus de 60.000 entreprises au Cameroun qui ne tiennent pas la comptabilité sur les 93. 969 établies au Cameroun. Ce n’est pas tout. Parmi celles qui tiennent une comptabilité écrite, « seulement 31,1% aboutissent à une comptabilité formelle, c’est-à-dire celle qui mène à la confection d’une Déclaration statistique fiscale (Dsf) », peut-on lire dans ce rapport. Autrement dit, au

Cameroun, on a à peine 13% seulement des entreprises où la tenue de la comptabilité est formelle. «C’est une situation regrettable dans la mesure où la tenue d’une bonne comptabilité constitue un élément clé de la transparence et de la gouvernance économique dans une entreprise », commente l’Ins.

Conséquences

Pour le reste, c’est le far west. Une situation qui est loin de faire les affaires de l’économie camerounaise qui, bien qu’étant essentiellement tirée par le secteur tertiaire qui domine avec 86,5% d’entreprises, doit encore gérer le stress né du casse-tête de la comptabilité. Car, l’absence de la comptabilité ne facilite pas la tâche aux inspecteurs des impôts qui, à défaut d’être régulièrement éconduits, se trouvent dans une contrainte remarquable d’imaginer certains chiffres qui ne sont toujours pas la bienvenue. Enfin, l’absence de la comptabilité repousse les investisseurs. C’est pour cette raison qu’elles sont nombreuses celles des entreprises qui évoluent encore de manière artisanale, pour ne pas dire dans les « mallettes ». Ces statistiques permettent ainsi de jauger le niveau du mal qui gangrène le microcosme des entreprises, et surtout de mettre fin à certains rêves en couleur. Elles permettent également de constater que les entraves au développement des affaires restent importantes. Malgré les cris de détresse du Gicam, et de la lutte enfin entamée par le gouvernement qui, à travers son fameux Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), a un projet ambitieux pour les entreprises du secteur informel.

Hervé B.Endong| 3 Novembre 2010| La Nouvelle Expression|

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