Programme thermique d’urgence : guerre de coût entre Essimi Menye et Ngako Tomdio

Le ministre de l’Energie et de l’eau Michael Ngako Tomdjo modifie ses choix.

Le ministre des Finances, Essimi Menye, avait émis des réserves quant au coût du financement du Programme thermique d’urgence jugé onéreux par rapport à un projet similaire en Côte-d’Ivoire.

Le ministre de l’Energie et de l’Eau, Michael Ngako Tomdio, a effectué de nouvelles négociations concernant le choix de la société chargée de réaliser son Programme thermique d’urgence et surtout concernant la révision de son coût. Désormais donc, c’est la société britannique Aggreko qui va louer au Cameroun pour deux ans des groupes électrogènes d’une capacité totale de 60 MW à hauteur de 22,4 milliards de francs Cfa, contre les 86 milliards de francs Cfa initialement proposés par l’entreprise japonaise Sojitz Empower. Des modifications qui découlent des réserves du ministre des Finances. En effet, en mai 2010, Essimi Menye avait émis des réserves quant au coût du projet initié par le ministre de l’Energie et de l’Eau et baptisé « Programme thermique d’urgence ». Un projet qui consiste à louer, pour deux ans, des groupes électrogènes fonctionnant au fuel d’une capacité totale de 40 Mw pour alimenter les villes de Mbalmayo, Ebolowa et Bamenda d’une part, et d’une capacité de 60 MW « pour sécuriser l’alimentation en électricité de la capitale Yaoundé » d’autre part. Un projet initié pour prévenir les délestages en 2011, année de l’élection présidentielle, d’après nos sources. Principaux problèmes, le coût du projet qui s’élevait à 100 milliards de francs Cfa et la procédure du choix des deux entreprises chargées de l’exécuter : la société égyptienne Elsewedy et l’entreprise japonaise Sojitz Empower.

Dans une correspondance datée du 25 mai 2010 et adressée au Premier ministre avec ampliation au secrétariat général de la Présidence de la république, au ministère de l’Economie, à l’Arsel et au Minee lui-même, dont Le Jour a obtenu une copie, Essimi Menye exprime ses réserves. « Compte tenu des contraintes budgétaires de l’Etat, il serait opportun que non seulement ce dossier soit réexaminé, mais que la possibilité soit donnée à d’autres compétiteurs afin qu’ils puissent présenter d’autres offres », écrit-il. Sa réticence se justifie par la comparaison qu’il fait de l’exécution d’un projet similaire en Côte-d’Ivoire, à un coût moins élevé que celui proposé par le ministre Ngako Tomdio.

63 milliards de francs Cfa en plus

Le journal Fraternité Matin, dans un article joint à la correspondance adressée au Pm via le Sg/Pm, titre « Plus de 22 milliards de francs Cfa pour louer une centrale thermique ». L’article révèle que la société britannique Aggréko met en location, pour deux ans, un groupe électrogène d’une capacité de 70 Mw à 22,5 milliards de francs Cfa. Or, le premier projet présenté par le ministre de l’Energie et de l’Eau coûtait près de 100 milliards de francs Cfa au gouvernement. Soit 31 milliards de francs cfa pour le projet Elsewedy (40 Mw) et près de 86 milliards pour le projet Sojitz Empower (60 Mw), note le ministre des Finances. Ceci, « sans tenir compte des coûts récurrents nécessaires pour le fonctionnement de ces ouvrages en dehors de ceux déjà pris en compte dans l’évaluation du coût de ces projets », précise Essimi Menye. Certains y voyaient une tentative de surenchère de la part de Michaël Ngako Tomdio qui n’a pas lancé un appel d’offre pour ce projet.

Après ces réserves, le ministre de l’Energie est revenu sur cette offre et a dû revoir les négociations avec Sojitz Empower. Interrogé par Le Jour sur le sujet, Michaël Ngako Tomdio affirme que le gouvernement n’a pas pu s’entendre avec Sojitz Empower et a finalement sélectionné la société Aggreko qui a offert le même service en Côte d’Ivoire. Il coûtera cette fois-ci à l’Etat environ 22,4 milliards de francs Cfa. Il confirme qu’un appel d’offres n’a pas été lancé pour ce projet et que « les sociétés ont été retenues après une large consultation des professionnels du métier ». Pour l’instant, Le Jour n’a pas encore pu vérifier si le nouveau draft du projet a reçu l’approbation de la Primature ou encore du Minfi.

Beaugas-Orain Djoyum|Vendredi, 30 Juillet 2010|Le Jour|