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Georges Minyem: Le bilan du RDPC est un échec complet

Posted by Admin on Feb 28th, 2010 and filed under Politique. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

cameroonwebnews.com| 28 Février 2010 | cameroonwebnews.com|

Interview réalisée et dirigée par Jean-Jacques Dikongué|

Henri Georges Minyem : “Franchement, le bilan du RDPC est un échec complet ; il s’agit d’un passif sans survaleur. Je suis de ceux qui  imaginent le monde tel qu’il devrait être et qui se disent Pourquoi pas…”

Le sourire toujours au coin de la bouche, l’œil malicieux et vif, Henri Georges Minyem ne laisse surtout pas indifférent dès lors que l’on rentre en contact avec  l’individu. Sens de la reparti, amoureux du verbe et de la bonne formule, le natif de Douala est aussi un esprit caustique dès lors qu’il lui faut défendre tel ou tel autre sujet. D’ailleurs notre première rencontre s’est faite sur fond d’un débat très acerbe mais combien instructif et bon enfant.

Pluridisciplinaire, Henri Georges Minyem est un insatiable « bosseur ». Sa capacité de travail et son sens à allier plusieurs choses à la fois pour surtout les mener à bon terme font de lui un sérieux candidat pour compter parmi ceux qui veulent dessiner les orientations du Cameroun de demain. D’ailleurs ne dit-il pas lui-même qu’il existe deux catégories d’individus : “Ceux qui voient le monde tel qu’il est et qui se demandent “Pourquoi” et ceux qui imaginent le monde tel qu’il devrait être et qui se disent “Pourquoi pas“, lui s’inscrivant dans la seconde catégorie. C’est pour donner corps à ce « pourquoi pas » que l’homme s’est lancé et à créé le LCN comme une entité à imaginer le Cameroun tel qu’il devrait être.

J’ai voulu en savoir un peu plus sur l’activité de ce monsieur dont la prose au fil des jours ne trahit plus quant à ses réelles intentions et je vous en livre ci-dessous la substance.

JJD : Professeur des grandes écoles d’ingénieurs et de gestion, chercheur en sciences politiques EHESS-Paris et chansonnier. Ai-je été complet dans ma présentation  de Georges Minyem ? Si non, alors qui est Georges Minyem ?

Georges Minyem est un universitaire et dorénavant, homme politique Camerounais. Je suis enseignant dans les grandes écoles depuis 10 ans et à ce jour j’ai formé plus de 3000 cadres et ingénieurs en France principalement, même si je dispense aussi en Angleterre, et dans d’autres pays africains. Pour mes recherches, je travaille sur l’anthropologie du racisme anti-noir en France depuis l’antiquité et les débuts de l’ère chrétienne à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Bien entendu, cette thématique dont les ramifications se mesurent au quotidien aujourd’hui dans notre rapport au blanc puise ses origines dans une vision pluriséculaire qui s’est perpétuée en Europe au fil des générations et contribue à nous conférer une image d’assistés que n’améliorent pas nos potentats institutionnalisés inféodés aux puissances étrangères.

JJD : Que reste-t-il du chansonnier guitariste ?

J’aimerais pouvoir dire à mes fans que je continue de composer, que je prépare des concerts, des représentations artistiques dans le monde, etc…La réalité est que le marasme dans lequel l’industrie musicale mondiale est rentrée depuis quelques années a connu une hypertrophie en Afrique et particulièrement au Cameroun où les structures chancelantes de l’industrie culturelle ont cédé le pas au cataclysme absolu. Faire de la musique aujourd’hui relève plus du sacerdoce que de l’investissement ; en d’autres termes, c’est à fonds perdus. La piraterie, l’absence de structuration des différentes instances culturelles ont réduit notre politique culturelle en peau de chagrin. J’ai sorti 2 albums sur fonds propres, dont le dernier « Noir » n’est jamais sorti au Cameroun, faute de distributeurs fiables. J’ai un 3ème album en préparation, mais, voyez-vous, maintenant, je prends mon temps aussi.

JJD : On vous voit plutôt très actif sur la toile. Pas dans la chanson mais plutôt dans un autre domaine : La politique.

Je pense qu’il arrive un moment, un âge dans la vie d’un homme où des questions s’imposent à lui ; dans ces moments-là, l’on se demande : que vais-je laisser de mon passage sur terre ? Lors de cette prise de conscience, ceux qui ont fait fortune appellent leur banquier pour savoir si tous les fonds sont toujours disponibles. D’autres qui estiment que leurs enfants sont leur héritage commencent à s’en rapprocher plus spécifiquement et ceux qui ont fait des études se demandent dans quel domaine investir ce capital culturel. Cette tranche d’âge-là se situe entre 35 et 50 ans, je crois. J’y suis de plain-pied. Je suis diplômé de sciences politiques et de bien d’autres corpus de connaissances qui m’ont amené à piloter des projets gigantesques dans le monde industriel en Europe. Je suis aussi chercheur en sciences politiques ; alors, oui, quand ces questions se sont imposées à moi, je n’ai pas eu à réfléchir pour savoir où orienter mes préoccupations : servir mon pays, raison pour laquelle j’ai monté un groupe de réflexion (LCN) sur facebook qui compte aujourd’hui plus de 2000 personnes en 6 mois. Nous nous sommes mués en ONG et comptons devenir un parti politique avec des représentations partout au Cameroun, pour plusieurs raisons :

  • Je suis convaincu qu’il faut un nouveau souffle en remplacement de notre classe notabiliaire au pouvoir depuis près de 30 ans,
  • Les jeunes cadres et fonctionnaires qui pullulent au Cameroun et qui gèrent les affaires du pays de la plus orthodoxe des manières n’ont aucune expérience pratique du monde industriel et fonctionnent sur la base des concepts contextualités ; ce qui signifie que sortis de leur environnement naturel, ils sont perdus. Nous sommes l’alternative à leur déficit de connaissance du monde ; le monde ne se limite pas au Cameroun et le Cameroun n’a inventé aucun modèle de société depuis les indépendances qui soit un corollaire au développement socioculturel et économique. Il faut donc repenser les paradigmes de développement de notre pays en focalisant sur ses acquis, forces et faiblesses
  • Pour mettre en pratique tous ces nouveaux axes de réflexion, il fallait une lueur, une étincelle ; elle s’est manifestée le 01er août 2009 quand je me suis assis devant mon ordinateur et que j’ai commencé à rédiger le programme politique du LCN (LE CAMEROUN NOUVEAU) auquel se sont joints des Camerounais des 5 continents que je n’avais jamais rencontrés auparavant, excepté sur Facebook.

JJD : Connaissez-vous monsieur Peter Moukoko Mbondjo ? Ne craignez vous pas de vivre le syndrome de ce que je nommerais « le chansonnier politique » si d’aventure vous avez des fonctions politiques au Cameroun et user de la censure pour vous faire « respecter » ?

Bien sûr que je connais Peter Moukoko redevenu depuis Pierre Moukoko Mbondjo. A vrai dire, le deuxième personnage, je ne le connais que très peu, puisqu’il est rentré au Cameroun bien après que je me sois exilé. Pour être totalement honnête avec vous, je trouve son attitude ridicule. User de censure pour ne plus être assimilé à un artiste est ce que je qualifierais de bêtise humaine, on n’en est plus à une près au pays, me direz-vous. De plus, son comportement laisserait à penser qu’il a honte d’avoir chanté « ôkôkô », chanson qui a bercé mon adolescence. Voyez-vous, c’est maintenant par cette censure que je le trouve pathétique car je me bats depuis si longtemps pour donner à l’art sa valeur au sein de notre collectif national, je milite même au sein du LCN pour une professionnalisation des métiers de l’art afin que nous ayons aussi des PICASSO, MOZART, BACH, des danseuses étoiles, etc. que toute forme d’assimilation de l’art à de la mendicité réveille l’humaniste militant qui est en moi.

De mon point de vue, l’artiste que je suis est indissociable de l’intellectuel que je pense incarner. Cette apparente schizophrénie relève de dons que nous possédons et qui font partie de nous. Nous nous positionnons à un moment donné comme tels et revendiquons des autres qu’ils acceptent ces différentes manifestations de notre pluralité. Pourquoi alors essayer de gommer un pan de notre vie au prétexte qu’il n’est plus en phase avec la posture que nous revendiquons ? C’est ces différentes contradictions de l’être qui génèrent des conflits cognitifs. Le père de l’interactionnisme symbolique, Erwin Goffman vous dirait que nous jouons tous des rôles sociaux dans nos interactions quotidiennes et qu’il faut veiller à ne pas générer de conflits sociocognitifs dans notre image par la référence à des personnages que nous ne sommes pas. Moi, je revendique mon don musical, car c’est bien de cela qu’il s’agit : un don et il faut lui rendre hommage. Par ailleurs, mes chansons sont un médium qui me permet de diffuser le regard que je porte sur l’homme dans sa quête perpétuelle d’existence. Il n’y a donc ici aucune antithèse à mon engagement militant.

JJD : De politique parlons-en ! Je disais vous savoir très entreprenant dans ce domaine. Quelles raisons vous y poussent ?

J’ai été affligé de constater que mon peuple n’arrivait pas à se nourrir sans les subsides que depuis des années nous autres de la diaspora nous expédions par le biais des agences de transfert qui ont fleuri en moins de 10 ans comme des fleurs aux laudes du printemps. J’ai d’abord connu les mandats télégraphiques jusque dans les années 1998-2000 environ. Et depuis, c’est les Western union, Money gram, Coinstar, etc…j’ai vu une voisine mourir parce qu’elle n’avait pas eu 5000 FCFA pour être admise aux soins du dispensaire. J’ai vu le chômage devenir naturel pour des jeunes issus de l’université. J’ai vu le Cameroun, mon pays tant aimé, fêter son entrée dans l’initiative PPTE comme une réussite et j’ai pleuré !!! J’ai vu des personnes proches perdre la vie pour moins de 20 000 FCFA dans une exacerbation de la pauvreté chez moi. J’ai vu comment on a traité les miens quand j’avais les moyens de les faire entretenir convenablement. J’au vu des jeunes mourir ! Certains échapper à la mort par miracle pour fuir leur terre d’Afrique devenue mouroir pour eux, en empruntant toutes sortes de moyens de fortune. Lorsqu’une jeunesse est contrainte de s’enfuir par tous les moyens de sa terre d’origine, c’est qu’il y a échec et il faut chercher les causes originelles de l’échec. Dans mes multiples voyages en Afrique de l’Ouest, j’ai tenu à rencontrer et à échanger avec la communauté camerounaise et quand les jeunes ont su que c’était « Le Professeur» qui les invitait, ils ont accouru me raconter leur souffrance.

Alors, je me suis dit qu’il était temps de sortir du confort de l’occident pour prendre nos responsabilités, retrouver la place qui nous revenait de droit, à savoir celle des fils du terroir qui sont partis et reviennent pour mettre leurs connaissances au service des leurs. Voilà autant de raisons pour lesquelles je me lance en politique.

JJD : En quoi fondamentalement parlant, votre propos est-il nouveau ou innovant ?

Je ne sais pas si mon propos est nouveau, je sais la vision du monde, la philosophie de vie qui m’animent et le système de valeurs qui est le mien. Et ça, voyez-vous, ce n’est pas transposable car chaque être humain a sa carte référentielle, son système de pertinence qui est l’ensemble des schémas qui composent sa psyché et qui lui sont propres. Après, il y a des doctrines, des précédents auxquels on se réfère, etc…Je ne suis guidé par aucune doctrine, bien qu’à certains égards, mes préoccupations humanistes semblent rencontrer celles de la social-démocratie, au regard de mon programme politique.

Je sais une chose : il ne m’a été imposé que par ma connaissance des sciences politiques, mes priorités existentielles, mon système de valeurs et ma conscience. En cela, ma conception est la seule dans laquelle j’aie une confiance absolue. La vie sociale m’enjoint cependant d’échanger avec les autres et à trouver des points de convergence (tels des conventions, des contrats, l’Etat Léviathan Hobbesien, etc.) qui me permettent de vivre avec une force supra humaine à laquelle nous conférons le pouvoir d’inférer sur nos actes les uns envers les autres.

JJD : Que pensez-vous de cette phrase du ministre de la communication du Cameroun à l’endroit de la diaspora : « A partir de Guider, j’invite la nation à la vigilance. On ne peut pas diriger le Cameroun à partir de Paris, Londres, Bruxelles, Genève, Washington ou Montréal. Ceux qui veulent entrer à Etoudi par effraction en procédant de la sorte seront mis hors d’état de nuire »

Je fais d’abord le constat que la prison n’arrange pas certains qui une fois libérés et réhabilités voire promus, se sentent comme investis d’une mission : servir de la plus misérable des manières leur ancien bourreau. Cela doit être un impératif moral de gratitude, de remerciement pour avoir évité l’échafaud : accepter de passer sous les fourches caudines de ses cerbères d’antan.

Le ministre de la communication du Cameroun est un fonctionnaire nommé et payé par les impôts des Camerounais. Ces impôts, les Camerounais de la diaspora les paient tout autant puisque tous les biens sont soumis à la TVA et aux autres impôts locaux là-bas et que de fait, les familles à qui nous envoyons ces sommes paient ces impôts. En tant que fonctionnaire et par excellence rémunéré par nos impôts, il ferait mieux de s’occuper de la communication présidentielle, plutôt que de la desservir. Voyez-vous, cet homme-là, dont je rechigne à prononcer le nom, fait la honte de l’idéal politique. Cet homme, ancien opposant au régime actuel est devenu, par le biais d’une nomination, le pourfendeur de la médiocrité institutionnelle et le Ganelon du prince d’Etoudi pour une seule raison : l’opportunisme ! A ce titre, il fait partie des ennemis de notre pays car voyez-vous, c’est cette race d’homme qui ont engendré la déliquescence de la démocratie représentative au Cameroun.

En effet, comment voulez-vous continuer à croire en un quelconque opposant qui se présenterait après avoir vu des précédents se comporter de la sorte et se transformer en valets de chambres de l’ancienne institution inquisitoriale ? C’est la vindicte du duc de Céans ! C’est le laquais thaumaturge dans une allégorie falciforme, une antiphrase répulsive qui peine à dire son nom.

Je réponds ceci à cet exécuteur de basses œuvres : par vos propos, vous êtes la honte de la communication politique, vous en êtes la négation. Mesurez votre langage et « souvenez-vous que vous êtes un homme » car cette diaspora que vous fustigez, vous risquez de venir demain lui faire des courbettes pour qu’elle vous nomme de nouveau et elle saura se souvenir de vos philippiques véhémentes à son endroit. Gagnez vos galons de thuriféraire en vantant les mérites du gouvernement que vous défendez et laissez la politique institutionnelle suivre son cours.

JJD : Vous êtes « initiateur » ou alors « fondateur » d’un mouvement qui s’appelle le LCN (Le Cameroun Nouveau). Est-ce un cercle de réflexion, une association politique, un futur parti Politique ?

LE CAMEROUN NOUVEAU (LCN) est un parti politique en gestation. Son statut associatif n’est que transitoire et nous comptons réellement descendre dans l’arène politique afin de défendre notre idéal de la démocratie, du développement économique et social du Cameroun. Il a été officialisé en tant qu’ONG en France le 01/12/2009 et va bientôt être légalisé au Cameroun en tant que parti politique de droit camerounais. J’en suis le président et toute personne, tout camerounais qui se sent investi d’une mission, celle de réduire, voire d’éradiquer la pauvreté dans son pays, peut nous rejoindre via notre site internet : www.lcn-cameroun.org et participer aux réflexions communes et aux différentes actions que nous allons bientôt mettre sur pied au Cameroun et dans la diaspora.  Notre combat : SERVIR LE PEUPLE CAMEROUNAIS ! Notre devise : ONE PEOPLE, ONE FUTURE (Un peuple, Un avenir) en dit long sur nos intentions. Pas de Cameroun à deux vitesses : L’équité sociale est notre leitmotiv, d’où l’objectif affiché de 1 Camerounais, 1 emploi, clair et sans équivoque.

Je précise qu’en 6 mois, nous somme déjà plus de 2000 sur facebook, ce qui témoigne de la ferveur suscitée par ce mouvement et de l’engouement des Camerounais pour le changement, le vrai !

JJD : Pourquoi un n-ième mouvement au lieu d’intégrer vos réflexions dans un parti politique existant ? Comment voyez-vous l’opposition actuelle au Cameroun ?

Si l’opposition m’avait convaincu de sa capacité à infléchir le cours des choses, peut-être notre réflexion au sein du LCN nous aurait dirigés vers une collaboration directe avec un parti déjà implanté. Cependant, beaucoup de partis sont des artifices et ne servent qu’à fragmenter l’opposition. Notre analyse a été longue et argumentée sur ce sujet. Nous en sommes arrivés à la conclusion que le peuple ne se désintéressait pas de la politique, contrairement aux idées répandues. Le peuple n’avait plus foi dans les leaders locaux qui s’étaient fourvoyés dans des affaires glauques, dont certains (à l’instar du ministre cité précédemment) s’étaient compromis pour quelques rogatons de fin de séance engendrant une véritable défiance vis-à-vis de la démocratie représentative. Voilà autant de raisons qui nous ont contraints à envisager de partir de zéro : Nous ne faisons plus confiance à l’opposition actuelle du Cameroun et avec nous, le peuple.

Notre conviction est que le peuple a besoin d’hommes neufs, d’un esprit neuf et de valeurs saines qui épousent la marche du monde dans lequel nous vivons. Les gens vivent avec leur siècle, voient des jeunes hommes de moins de 50 ans incarner l’avenir de leur peuple, jettent leur dévolu sur une nouvelle catégorie de leaders, compétents, jeunes, dynamiques, rationnels avec une différence essentielle : ils se sont décomplexés vis-à-vis du blanc et ça ne laisse personne indifférent y compris au Cameroun.

JJD : Le sempiternel slogan ou programme des gens qui s’opposent à la politique de monsieur Paul Biya est : « Biya doit partir ». Partagez vous personnellement  cette antienne ? Et qu’en est-il au sein de votre mouvement ?

Da façon directe et franche, je vous réponds : NON ! Pour une raison très simple : comme je l’ai défendu dans plusieurs communications préalables, Biya est le président légal du Cameroun. C’est ce que disent les textes et si lui a manipulé ces textes à son gré, notamment les articles 6 aliéna 2 de la constitution de 1996, de même que l’article 53, alinéas 2 et 3, nous devons respecter la légalité des institutions et les réformer une fois que nous en aurons la légitimité ou la légalité.

Lui n’avait pas la légitimité, mais la légalité ; il les a rassemblées en un cocktail juridique à seule fin de se légitimer aux yeux du peuple, dans un délire mégalomaniaque pour l’autojustification de sa crédibilité institutionnelle. En réalité, dans cette immense tricherie qui fait du Cameroun la risée de plus d’un Africain, Paul Biya s’est décrédibilisé et il le sait.

Cependant, les adeptes du « BMG » (Biya must go) ont aussi leur place dans le jeu politique camerounais. Ils sont l’expression d’un ras-le-bol qui ne pouvant plus s’exprimer par des arguments prend le raccourci de l’aphorisme ou du slogan par ailleurs « entendu et évident ». Mais, comme de bien entendu, au-delà de l’invective et de l’injure, j’incline à penser que nous devons devenir plus constructifs et organiser l’alternative afin de ne pas rester otages justement de Biya, même après sa mort et nous orienter résolument vers l’édification d’un Cameroun Nouveau et Neuf, ambitieux, vers une nouvelle ère de prospérité pour nos descendants et notre peuple.

Ainsi, l’on est en droit de se demander si le départ (de toutes façons imminent) du pouvoir de Paul Biya résoudra les problèmes des Camerounais ? Je suis fondé à penser que non. A commencer par les guerres de succession qui ne manqueront pas d’éclater, chacun pensant détenir la solution au problème Cameroun. Dans cette foule bigarrée de postulants, l’on retrouvera peut-être LCN qui comme les autres, s’évertuera à défendre son idéal de société ? Il pourrait aussi y avoir des tentatives de passages en force, des déstabilisations notamment de voisins belliqueux peuvent survenir, des groupuscules armés sécessionnistes pourraient apparaître de façon plus nette qu’aujourd’hui. L’après Biya, de mon point de vue est un moment de crise !!!

Ce sera une période d’incertitudes qui durera au moins le temps que le nouveau pouvoir quadrille tout le pays sur les plans militaire et institutionnel, y compris dans le cas où ce seraient des civils.

Ce qui signifie qu’un pouvoir civil qui succèderait à Biya ne saurait faire l’économie d’une fermeté vis-à-vis des institutions et donc d’un contrôle accru de l’armée, afin d’étouffer toute velléité de coup de force.

Après, il faudra reconstruire. La plupart de ceux qui hurlent que : Biya doit partir n’ont aucun programme qui tienne ne serait-ce que sur une cinquantaine de pages de format A4. Que savent-ils de la gestion d’un projet ? D’un programme ? De l’administration publique ? De la conduite des affaires de l’Etat ?

L’on pourrait m’opposer que le LCN n’a pas non plus brillé à ce jour par la conduite des affaires de l’Etat. Tentative à laquelle je réponds que outre nos qualifications universitaires, nous avons des années d’expertise dans des programmes de plusieurs milliards d’Euros qui nous légitiment dans le monde. Nous saurons bien nous accommoder du programme Cameroun en utilisant à la fois les meilleurs outils d’administration et de structuration qui soient. Par ailleurs, nous ne fermerons la porte à quiconque voudra remettre son logiciel à jour pour nous accompagner dans cette noble œuvre de reconstruction mentale et structurelle de notre pays.

JJD : Dans quelle perspective placez-vous votre mouvement par rapport à 2011 au Cameroun ?

Plusieurs facteurs non négligeables sont ici à prendre en compte. Le premier consiste en notre officialisation en qualité de parti politique camerounais. Le deuxième enjeu porte sur notre capacité financière, après la capacité juridique. La capacité financière requiert des sacrifices de la part de nos membres et des bienfaiteurs qui estimeront que nous sommes les mieux à même de porter le projet du changement au Cameroun. J’ai toujours fait valoir que moins de 30% de membres du RDPC l’étaient par conviction. Au Cameroun le RDPC est à la fois un parti, un gouvernement, un état d’esprit et une machine à broyer de l’opposant. Ce n’est pas cela la démocratie. La démocratie véritable se joue sur la capacité à mobiliser autour d’un programme fédérateur et à mettre en place ses actions au gré du programme initial. Elle enjoint au gouvernement issu des consultations, qui n’aura pas satisfait l’électorat, de céder la place à l’alternance : IL N’Y A EU AUCUNE ALTERNANCE AU POUVOIR DEPUIS LA TRANSFORMATION DE L’UNC EN RDPC à Bamenda en mars 1985. En d’autres termes, nous sommes encore dans un régime monopartite qui tait son nom et fabrique du clientélisme en affamant son peuple pour mieux recruter.

Autrement dit, l’analyse du fonctionnement des institutions et de leur fonctionnement depuis 50 ans ne laisse aucune place au doute. Dans l’état actuel des choses, et si Paul Biya se représente (à condition d’en avoir les facultés physiques et intellectuelles), il repassera en 2011. Ce qui ne dispense pas LCN de se positionner comme l’alternative au changement riche de notre « think tank » de plus de 2000 membres qui en rameuteront pas mal et qui sensibiliserons jusqu’au fond des cases en terre battue des forêts équatoriales. Nous devons le faire, Nous le ferons ! Car LCN place son action, non dans la précipitation, non dans l’effervescence des élections à venir, mais bel et bien dans le long terme. Nous ambitionnons de devenir la principale opposition au RDPC, même si pour cela nous n’excluons pas des alliances avec d’autres forces progressistes qui placent l’homme au cœur de leur combat.

JJD : Quel bilan faites-vous des 28 ans de pouvoir du RDPC ?

Franchement, le bilan du RDPC est un échec complet ; il s’agit d’un passif sans survaleur. J’ai beau y réfléchir, je ne vois aucune matière de quelque ordre que ce soit dont puisse se prévaloir ce parti qui a instrumentalisé la vie politique au profit d’un clientélisme et une déliquescence de notre sens patriotique.

Sur le plan économique, nous sommes un PPTE, ce qui signifie que le RDPC a été composé de piètres gestionnaires ; la pauvreté n’a jamais été aussi élevée que depuis une quinzaine d’années au Cameroun.

Sur le plan moral : le Cameroun figure constamment dans les premières places du classement Transparency International ; de nombreux ministres et hommes d’Etats Camerounais sont en prison pour vol, malversations financières et autres escroqueries dignes de bandits de grand chemin ; le président ne préside rien et il est de notoriété publique qu’il ne séjourne même pas dans son pays ; nous avons inventé des arnaques qui sont devenues des étendards et la nouvelle aspiration pour une jeunesse en mal de repères

Sur le plan politique : la gestion politicienne qu’a instituée le RDPC enjoint aux gouvernements successifs de servir non point la société, mais le parti. Ainsi se met en place une dynamique pernicieuse qui alimente à la fois l’Etat et le parti dans un jeu restreint à 2 où les autres partis représentés au parlement font le jeu anti-démocratique d’un fonctionnement en biais officialisé, normativisé.

Le fonctionnement de l’Etat RDPC me fait penser à la 4ème république en France qui était un régime de partis qui se faisaient et se défaisaient au gré des alliances. En permettant cette représentation surnuméraire, les partis se neutralisent entre eux.

La différence avec le Cameroun est qu’ici il y a le parti de l’exécutif et que cet exécutif est lié de façon indissoluble à ce parti. Et comme l’exécutif dépend de la meilleure alchimie politique à trouver pour se maintenir au pouvoir, il n’y aura pas de réelle alternance sans une réflexion citoyenne sur la meilleure représentation à déployer pour permettre un renouvellement des idées et des pratiques. Le RDPC de parti politique s’est transformé en formidable machine à broyer de l’opposition, aussi bien physiquement, que psychiquement y compris par la force armée, au lieu d’accoucher des idées. Le paradoxe de cette pouponnière qui se reproduit, c’est qu’elle n’accouche que de la médiocrité. Ce n’est plus un parti politique, c’est un Etat au sein de l’Etat camerounais et cela me rappelle des temps qui ne sont pas si loin ici en Europe ; c’est tout sauf du pluralisme politique.

Pour ma part, je pense qu’il faut restreindre le nombre de partis à 10 maximum dans un pays de 18 M d’habitants ; là, on commencerait à parler de vraie politique.

JJD : Où peut-on davantage s’instruire ou s’informer sur le LCN ?

Le LCN (LE CAMEROUN NOUVEAU) dispose de son site internet : www.lcn-cameroun.org ; Pour avoir accès aux différentes informations y afférentes, telles que les statuts, Règlement intérieur, charte,… il faut s’enregistrer sur le site. Nous ouvrirons bientôt des permanences au Cameroun et des fédérations sont déjà en place dans plusieurs pays du monde.

Les personnes intéressées peuvent aussi contacter directement des membres du staff LCN par leurs adresses électroniques sur le site, dans la partie « Bureau National », ou encore « Fédérations » et « commissions »

JJD : Que dites vous aux Camerounais et Camerounaises qui vont vous lire ?

Je tiens à dire ceci à mes frères et sœurs camerounais, où qu’ils se trouvent au monde. Le sang qui coule dans mes veines, l’esprit qui m’anime, la fougue et la détermination qui me portent et transportent, ma rage s’alimentent d’un idéal : celui d’un Cameroun prospère dans lequel je suis né, j’ai grandi avant de m’envoler pour l’Europe.

J’ai souffert dans mon pays avant de m’envoler, mais j’y ai appris l’essentiel de ce que je sais, à savoir des valeurs simples comme : « aide ton prochain », « vous êtes tous des frères », « s’il y en a pour un, il y en a pour d’autres » etc… Partout dans le monde où je suis allé, j’ai été transcendé, animé, porté par la force de ces valeurs de socialisation qui ont fait la singularité de mon regard sur le monde.

Autrefois, quand on se réclamait Camerounais, nous suscitions admiration, respect, voire crainte.

Le Cameroun a perdu par sa fierté et pas par la faute des Camerounais, mais bien par celle de ceux qui nous ont représentés en définissant cette portion géopolitique du monde comme leur propriété. NOUS DEVONS CHANGER LES CHOSES ! Est-ce une tâche prométhéenne ? Oui, si l’on abdique ses propres potentialités et sa détermination face au destin. Mais à ce compte-là, l’on devient complice de son misérable sort.

Je dis aux Camerounais que je donnerais ma vie pour mon pays ! Je dis aux Camerounais que l’idéal de société que leur prépare LCN est plus fort que les matraques et autres intimidations car il puise ses forces dans nos entrailles, au plus profond de nous mais que nous ne saurions y arriver sans eux car rien n’est plus fort, ni plus puissant que l’idéal qui à la peur ne se dérobe.

N’attendez pas le sauveur ! N’attendez pas un Deus Ex Machina qui, d’un coup de baguette magique transformerait votre souffrance en extase. Il est temps de prendre votre destin en mains ! LCN vous offre cette possibilité et s’il vous reste un minimum de foi, alors, faites-nous confiance car nous n’avons pas faim ! Nous ne courons pas les strapontins ministériels à la recherche de notre gamelle du jour ! MOI, J’Y CROIS EN LA POLITIQUE ! Je crois dans sa capacité à modifier le cours des choses, à redonner espoir et courage à ceux qui en attendent les orientations sociétales et en retour, la satisfaction de leurs besoins vitaux. Je crois en la capacité des hommes à infléchir le cours illusoire du destin quand le véritable destin est celui qu’on se bâtit ! C’est cela la force de la volonté sur les apparences sensibles ! Et tant que cette flamme brillera au fond de vous, tant que cette lueur vous fera comprendre que d’autres voies sont possibles, PRENEZ VOTRE DESTIN EN MAINS ! INVESTISSEZ DANS LES HOMMES ET LES FEMMES QUI SAURONT INCARNER VOTRE VISION DE LA SOCIETE !

WE CAN DO IT ! WE HAVE TO DO IT !

Vive LCN ! Vive le CAMEROUN !

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