Mathias Eric Owona Nguini - Elecam doit constituer son fichier électoral | Cameroonwebnews| Site d’information et d’opinions sur l’actualité du Cameroun

Le politologue évalue les chances de succès de la campagne d’inscription sur les listes électorales.

Elecam annonce pour la fin de ce mois le début des inscriptions sur les listes électorales. Est ce qu’à votre avis, les populations et les partis politiques sont déjà suffisamment sensibilisés par rapport à cette échéance ?

Manifestement Elecam n’a pas encore réussi à attirer l’attention des populations et susciter l’intérêt des acteurs politiques autour de la nécessité de fortes inscriptions électorales. Cela peut traduire, au moins dans une certaine mesure, la défiance voire la méfiance que certains secteurs ont vis-à-vis du processus électoral et l’insuffisante compréhension du rôle de la structure qu’est Elecam en matière de régulation des élections à venir.

La plupart des partis politiques ont marqué leur refus d’envoyer des représentants dans les commissions contrôlées par Elecam. Le Sdf, par exemple, parle d’un «organe guignolesque» !

Effectivement, au sein de la classe politique, il n y a pas de consensus sur ce régulateur électoral. Or le consensus pour une institution de veille électorale est un élément essentiel, si on veut avoir des processus électoraux bien réglés, qui ne suscitent pas de controverse.

A votre avis, Elecam doit-il procéder à une refonte totale du fichier électoral ou alors exploiter celui hérité du Minadt ?

Il ne serait pas dans l’intérêt d’une structure comme Elecam de se contenter du fichier qui existait au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation [Minadt, ndlr]. Si Elecam veut établir et imposer véritablement sa crédibilité, il doit faire un travail important et sérieux de refonte des listes électorales parce que pour que l’opinion publique, la classe politique ou la société civile lui reconnaisse la crédibilité de régulateur impartial, intègre et objectif du jeu électoral ?

Que reprochez-vous exactement au fichier existant au Minadt ?

On sait qu’il y a toujours eu, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, une polémique entre le Minadt et certains partis, notamment d’opposition, qui ont estimé que ce département ministériel ne faisait pas nécessairement preuve de neutralité dans l’organisation et le suivi des opérations électorales. Et l’un des points de discorde entre le Minadt et ces formations politiques a été la qualité et la crédibilité de ce fichier électoral.

Est-ce qu’au train où vont les choses, on peut déjà redouter une faible participation des populations aux prochaines consultations électorales ?

Comme on ne voit pas chez Elecam une stratégie suffisamment robuste de mobilisation, on peut craindre que, si cette institution n’intéressent pas plus les électeurs potentiels, qu’on ait des niveaux de participation qui soient réellement bas, même s’ils sont opportunément retouchés pour des raisons politiciennes.

Georges Alain Boyomo| 20 Août 2010|Mutations|