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Monsieur Yamgnane Kofi : « Ce pays » ou « Mon pays » : Peut-on servir deux maîtres ?

Posted by Admin on Feb 3rd, 2010 and filed under Blogs. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Par J.J Dikongue| 4 Février 2010|

Je ne suis pas le sauveur. Mais je suis en capacité d’apporter ma quote-part dans le redressement de la situation économique et sociale de ce pays “. Kofi Yamgnane

Quel dommage pour le Togo si d’aventure la candidature de Kofi Yamgnane est invalidée comme nous l’apprenions ce matin. C’est ce que semblent penser certains africains, qui voient en l’ancien homme politique français (secrétaire d’état français chargé de l’intégration et aussi ancien député socialiste français) qui aujourd’hui verse son dévolu sur le Togo en voulant briguer la présidence de ce pays, la panacée aux problèmes du pays de son origine.

En effet la Cour constitutionnelle togolaise a rejetée la candidature de Kofi Yamgnane à l’élection présidentielle du 28 février, en raison officiellement de deux dates de naissance différentes dans son dossier. Celle-ci a relevé que les documents français de M. Yamgnane indiquent le 11 octobre 1945 comme date de naissance, alors que ceux provenant du Togo font mention du 31 décembre 1945.

Face à l’indignation basée sur le motif retenu par la cour constitutionnelle pour, nous dit-on « évincer » le candidat franco-togolais, une question subsiste : est-il encore légitime de se poser la question de savoir pourquoi les dates de naissance de monsieur Kofi Yamgnane serait pour le coup, de nature à ne pas jeter le doute sur son identité comme cela est le cas pour une autre personne lambda lors d’un contrôle banal dans quelconque administration sans y voir une manœuvre d’éviction ou dilatoire ?

Au-delà de cette accablante anecdote pour le candidat Kofi Yamgnane se dissimule une problématique qui devrait susciter une profonde réflexion en Afrique francophone. Le recyclage ou le couronnement politique des anciens fonctionnaires français d’origine africaine à la tête de leur pays d’origine.

Au sortir de la colonisation coïncidant à l’accès à l’indépendance par les pays africains, les nationalistes indépendantistes ayant systémiquement été exécutés par l’administration coloniale, à quelques exceptions, les états fraîchement « indépendants » pour la plupart sont dirigés par les anciens fonctionnaires ressortissants de, ou ayant servis dans l’administration coloniale, dans de hautes fonctions. On peut entre autre citer les feux : Omar Bongo Ondimba (agent secret français), Houphouët Boigny (parlementaire- ministre français), Leopold Senghor (parlementaire français), Ahidjo Amadou (conseiller parlementaire français) etc….

Ce qui, à l’aune de la gestion calamiteuse de leur pays respectif, est de nature à jeter un doute quant à leur volonté à servir les intérêts du pays présidé ou qu’il désire présider face à l’épineuse question des intérêts de la France. Et le propos très singulier et révélateur de Claude Guéant actuel secrétaire à l’Elysée « On ne vas pas se brouiller avec ceux qui nous rendent de grands services » ou encore les têtes tombées de tous ceux qui se sont déclarés favorables à la mort de la Françafrique sont la preuve de la capacité de ces dirigeants à servir les intérêts de leur donneur d’ordre pour le coup que ceux de leurs populations respectives.

Peut-on au final servir deux maîtres à la fois en leur accordant le même statut ?

En quoi l’ancien secrétaire d’état français Kofi Yamgnane échapperait-il à cette logique qui régit les rapports entre la France et ses anciens fonctionnaires africains d’une part et ses « anciennes colonies » d’autres part ? En quoi son regard ou sa gestion du Togo serait plus patriote que ceux de Omar Bongo, de Biya, Déby, Sassou  ou les autres ? Ce sont des questions légitimes auxquelles, chaque africain est confronté.

Fonder sa légitimité et sa crédibilité sur son expérience en tant que ministre français n’est pas un gage en soi bien au contraire, ceci justifie plutôt qu’il sera dans la même direction que ceux qui y sont actuellement ou passés avant lui.

En déclarant je cite “Je suis revenu, parce que mon pays ne va pas bien. Le Togo va très mal”, avait-il dit.Je ne suis pas le sauveur. Mais je suis en capacité d’apporter ma quote-part dans le redressement de la situation économique et sociale de ce pays“.

Sans mettre en cause les capacités et la probité de l’ancien secrétaire d’état français, il est tout de même étonnant qu’il ne s’aperçoive seulement qu’en 2010 que le Togo va mal pour lui porter secours alors que la maladie dont souffre ce pays comme tous les autres pays africains sous le sceau de la francophonie ne date pas d’aujourd’hui. Elle prend plutôt des proportions plus inquiétantes encore par le subtil exercice aujourd’hui prisé dans cette partie du continent à savoir : La place de papa revient de droit à fiston. Ce constat lui-même induisant de multiples questions dont par exemple : Le préalable à tout apport dans le redressement des situations économique et sociale par un ancien fonctionnaire français originaire d’Afrique est-il nécessairement et obligatoirement la présidence de la république ?

Faut-il être président de la république pour un franco originaire d’Afrique, pour apporter à « un » pays et être simple citoyen pour apporter à « son » pays ? Auquel cas, on comprend mieux l’emploi du « ce » à la place du « mon ». Les togolais apprécieront par eux-mêmes cette subtile nuance et méritent comme toutes les populations africaines francophones, meilleur sort que celui qui est le leur aujourd’hui. Le propos n’étant pas ici de dire qu’ils sont mieux lotis actuellement.

JJ Dikongue est Diplômé d’économie politique et de langue, c’est  un passionné d’histoire africaine, de politique et de l’analyse sociopolitique.
Il ex-Co-concepteur et chroniqueur d’une émission politique dans une radio F.M (Radio-Gribouille) dans le Maine et Loire en France.

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1 Response for “Monsieur Yamgnane Kofi : « Ce pays » ou « Mon pays » : Peut-on servir deux maîtres ?”

  1. Joelle Titti says:

    Excellent papier monsieur Dikongué. Tout porte à croire que ce monsieur en fin de carrière en France cherche à se recycler au Togo.

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