Cameroun : 550 milliards de Fcfa de nourriture importée en 2009

Révélation faite hier au cours de la présentation des résultats de la balance de paiement du pays.

Jadis fierté du Cameroun, l’autosuffisance alimentaire est devenue une réalité de plus en plus lointaine. En effet, malgré l’énorme potentiel agricole de ce pays qui revendique plus de 20% de terres cultivables sur son territoire, la consommation des ménages camerounais est gravement extravertie. C’est du moins ce qui ressort des résultats de la balance de paiement (différence entre les recettes et les dépenses en matière de commerce extérieur) de l’Etat du Cameroun présentés à Yaoundé le jeudi, 2 septembre 2010. Selon ce rapport réalisé par le ministère des Finances, le Cameroun a importé au cours de l’année 2009, des produits alimentaires pour un montant global de 550 milliards de Fcfa, dont 400 milliards de Fcfa pour les produits du règne animal (poisson, poulet, viande…) et 150 milliards de Fcfa pour divers produits du règne végétal.
Dans le détail, les importations de riz engloutissent à elles seules 120 milliards de Fcfa, après avoir été de 92 milliards de Fcfa avant l’année 1992. C’est que, souligne le rapport, la consommation locale de cette denrée alimentaire généralement importée de Chine, de Thaïlande et de l’Inde ; s’est décuplée, passant de 150.000 tonnes en 1992 à un demi milliard de tonnes en 2009. Soit un peu plus de six fois la production locale qui est de 80.000 tonnes, lesquelles sont du reste presqu’entièrement exportées vers le Nigeria voisin, comme une bonne partie des importations d’ailleurs.

Dépendance au pétrole

Les résultats de la balance de payement du Cameroun révèlent également que les importations de poissons et autres crustacés ont représenté 178 milliards de Fcfa en 2009, contre 22 milliards de Fcfa en 1992 et moins de 20 milliards de Fcfa en 2003. Le lait sous diverses formes a été importé à hauteur de 15 milliards de Fcfa en 2008, tandis que pour satisfaire la demande locale en sucre, le pays a dû expatrier pas moins de 25 milliards de Fcfa au cours de la même année. Ce malgré l’existence de trois entreprises productrices de sucre, dont une (la Sosucam) en situation de quasi monopole, du moment qu’elle est la seule à produire la matière première à mettre à la disposition de ses deux concurrentes.
Alors que les produits agro-alimentaires finis et semi-finis envahissent le Cameroun, ce pays, lui, exporte 90% de ses produits à l’état brut. Ici, le pétrole tient le haut du pavé et représente à lui tout seul entre 40 et 50% de la valeur globale du commerce extérieur du Cameroun, avec 50% des exportations et 29% des importations.

Au hit-parade des quelques produits d’exportation du Cameroun, l’or noir est suivi de très loin par le bois, le cacao et le café. Cette forte dépendance du commerce extérieur aux exportations de pétrole brut rend le pays vulnérable à la fluctuation des prix de ce produit sur le marché international, souligne le rapport sur la balance de payement. A titre d’illustartion, à cause de la hausse du prix du baril de pétrole sur le marché international en 2006, le Cameroun a dégagé un excédent commercial de 220 milliards de Fcfa, tandis que le fléchissement des cours du pétrole brut observé depuis fin 2008, a causé au Cameroun un déficit commercial de 876 milliards de Fcfa en 2009, apprend-on. Eu égard à tout ce qui précède, conclut le rapport, la balance de paiement du Cameroun est «chroniquement déficitaire». Du coup, «selon les statistiques de l’Organisation mondiale du Commerce (Omc), la part du Cameroun dans le commerce extérieur est de 0,032%», soit 1% des exportations de l’ensemble de l’Afrique, et 1,2% des importations du continent noir. Avec ces performances peu reluisantes, révèle encore le rapport sur la balance de paiement du Cameroun, «depuis 2004, le degré d’ouverture du marché camerounais, qui oscille entre 30 et 42%, est le plus faible de la zone Cemac où le Gabon affiche 98% (surtout à cause des exportations de pétrole brut) et le Congo 79%».

Brice R. Mbodiam |3 Septembre 2010|Mutations|