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Livres Scolaires: Révélations sur le scandale du Ceper

Posted by Admin on Mar 18th, 2010 and filed under Culture, Featured. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Pierre Célestin Atangana| 18 mars 2010 | Mutations |

Quarante ans après la mise sur pied de la première maison d’édition, d’imprimerie, de recherche et de production des manuels scolaires d’Afrique francophone, y compris de Madagascar, le Centre d’édition, de production pour l’enseignement et la recherche (Ceper) est attaqué dans son pronostic vital. Le succès fugace des premières années de privatisation, a précipité une banqueroute spectaculaire, mise en route par la pression des multinationales occidentales de l’édition scolaire. A l’heure de la conquête du marché du livre, Mutations sonde les raisons de la faillite d’une maison dont les parts de marché se sont effritées comme peau de chagrin.

Le bureau de M. Ekomane Nna, coordonnateur général adjoint du Centre d’édition, de production pour l’enseignement et la recherche (Ceper) croule sous des chantiers de conceptions éditoriales. “Nous sommes en période de relance, et nous devons nous préparer pour la prochaine rentrée scolaire”, laisse-t-il tomber. Le calme qui règne dans les couloirs glacés et obscurs, traduit le rythme de fonctionnement de la maison. Les ateliers ont fait peau neuve avec l’acquisition d’un outil de production capable de soutenir la concurrence locale. Dans un coin, des vestiges de l’époque glorieuse de ce que fût le Ceper de la période du monopole poussent leur dernier soupir.

Rotatives, machines offset, appareils de photogravure et bien d’autres équipements de pointe, acquis avant la libéralisation, mais aussi quelques temps après la cession de la structure aux enseignants, attendent patiemment d’être envoyés à la casse. Bien qu’il y ait une rotative neuve qui attend d’être mise en service. Dans l’impossibilité d’occuper l’ensemble de l’édifice, une partie de la concession est louée à l’archidiocèse de Yaoundé, le sous-sol à l’Union européenne pendant que d’autres écuries squattent le bâtiment qui se situe à l’entrée de l’enceinte. Malgré la peinture neuve qui recouvre les murs extérieurs qui donne une allure gaie à l’ensemble, le Ceper survit comme il peut. L’indifférence des passants de la rue qui porte fièrement le nom de cette société, finit par enterrer cette maison. Le nombre de manuels scolaires inscrits au programme issus de ses presses, relève de la portion congrue. Les beaux jours où l’entreprise faisait la course en tête dans son domaine sont bien lointains.

Unesco

Pourtant, lors de sa création, les objectifs des fondateurs visaient la démocratisation de l’accès au savoir à l’aube des indépendances. Dans un ouvrage de la bibliologie, à l’espace consacré aux arts graphiques et à l’édition de l’imprimé général, Robert Escarpit est expert français de l’écrit et de l’écriture. Personnage très respecté dans le monde de la communication, il est professeur de l’histoire à l’université de Bordeaux ; il signe au quotidien un billet redouté en première page du quotidien français Le Monde. C’est fort de toutes ces références qu’il est sollicité par l’Unesco pour produire des études devant conduire à doter certaines régions sous scolarisées des structures graphiques. Voilà le contexte qui crée le Ceper installé à Yaoundé. L’objectif affiché était que plusieurs pays africains accédant à l’indépendance en 1960, disposent de moyens d’information, en vue de permettre l’alphabétisation des populations indigènes. l’Unesco, la branche du système des Nations unies en charge de la Culture et de la science, envisage, dans le domaine de l’information, la création de radios rurales et d’espaces d’écoute de programmes, mais également la formation de journalistes de développement devant assurer l’animation des programmes issus de ces médias.

L’Unesco ambitionne, compte tenu du coût élevé des ouvrages, un rapprochement entre les populations et la culture. C’est ainsi qu’une étude sur la mise sur pied de ce centre de production d’ouvrages à vocation régionale est confiée à Robert Escarpit. Ce centre doit procéder à l’étude des programmes devant être mis en pratique dans cet espace géographique, en utilisant les méthodes locales d’enseignement. L’organisme onusien, qui assure le financement intégral de cette entreprise, saisit le Cameroun afin qu’il mette à sa disposition un terrain pour l’érection des bâtiments.
L’Unesco fournira les équipements à la fin des travaux, et les activités du Ceper démarreront en 1974 avec des machines à feuilles, deux rotatives, un laboratoire de photogravure, des plieuses et bien d’autres équipements flambants neufs, devant servir la cause de toute la sous région et jusque dans l’Océan indien. De célèbres collections voient ainsi le jour dans divers programmes scolaires à l’instar de la collection “Ipam” qui a inauguré, accompagné, guidé et rythmé le séjour et l’ascension scolaire de plusieurs générations.

Pendant plusieurs années, les manuels scolaires du Ceper trôneront fièrement aux côtés de ceux issus de maisons occidentales, et contrôleront des parts de marché importantes. L’embellie ne durera pas. La machine commence à se gripper avec la crise économique de 1987. Le pays est sous ajustement structurel, et rentre irréversiblement dans le cycle des privatisations. “Les employés accusaient plusieurs mois d’arriérés de salaire, il y avait des difficultés de paiement à tous les niveaux. L’Etat, qui avait été sommé par les bâilleurs de fonds de se dessaisir des secteurs de production, se sépare du Ceper et le met en privatisation au forceps”, indique une source sous anonymat.
L’entreprise, après plusieurs mois d’arrêt, n’intéresse plus personne. L’outil de production, sous-utilisée rouille, les bâtiments sont abandonnés pendant que, dans la rue, le prix du livre s’envole vers des sommets prohibitifs.

Crise économique

Face à la situation, la Mutuelle des personnels enseignants du Cameroun (Mupec), avec à sa tête le proviseur du lycée Leclerc d’alors, Charles Etoundi, devenu plus tard ministre de l’Education nationale, mène une étude sur l’accès véritable au livre scolaire sur l’étendue du territoire. Au bout de ses investigations, elle constate que non seulement trois quarts des élèves n’ont pas accès au livre, mais en plus que ces derniers se mettent souvent à dix pour suivre une leçon ou pour faire leurs devoirs. L’association monte ainsi un projet de reprise du Ceper, afin de démocratiser le coût du manuel scolaire, mais aussi pour la mise sur pied d’une société de transport urbain réservé aux enseignants et aux élèves.

De tractations en concessions, le Ceper est enfin cédé aux enseignants qui mettent en route leurs ambitions : faire du livre un outil de travail accessible à toutes les bourses. Dans les écoles primaires, les parents achètent par exemple l’ensemble des livres du cours préparatoire ou du cours élémentaire à 4000Fcfa.

Mais leur soulagement sera rapidement douché par la fronde des libraires qui crient au hold-up, d’autres pointant la qualité physique des manuels scolaires du Ceper. Si, localement, la pression est facilement gérée, le Ceper pliera et rompra face aux multinationales qui dénonceront le protectionnisme de ce secteur dans un environnement où l’économie libérale est pourtant l’option admise. “Les grandes maisons d’édition accusaient le Ceper de monopole, criant à une atteinte à l’économie libérale”, indique une source proche du dossier.

Dans la bataille des gros intérêts, le gouvernement lâche le Ceper en accédant aux pressions des multinationales et des bâilleurs de fonds. Dans la foulée, Charles Etoundi, le défenseur de la démocratisation du livre, est viré du gouvernement le 18 mars 2000. Une seconde fois, le Ceper plonge et sombre dans l’agonie. Une agonie dans laquelle les responsables de la maison ne sont pas exempts de tout reproche, selon des sources. Celles-ci par les tiraillements entretenus à l’intérieur du Ceper au moment de cette crise, ont prêté le flanc à aux soubresauts. D’après des sources bien introduites, certains ont même été accusés d’intelligence avec les concurrents français

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