Opération Epervier : Urbain Olanguena Awono accuse

Justin Blaise Akono Source: Urbain Olanguena Awono | Lundi, 22 Mars 2010| Mutations |

L’ex ministre de la Santé publique incarcéré à la prison centrale de Yaoundé Kondengui depuis avril 2008 pour détournement des deniers publics vient de sortir de sa réserve après la deuxième audience tenue mercredi dernier au tribunal de grande instance de Yaoundé. Audience au cours de laquelle l’accusation (ministère de la Santé publique) avait indiqué qu’elle n’était pas encore rentrée en possession du dossier. Ce que les avocats de la défense ont qualifié de dilatoire. Urbain Olanguena Awono, lui, parle de questionnement et d’interpellation dans les lignes qui suivent:

“Au lendemain du 2ème renvoi au 21 avril 2010, soit plus d’un mois, de l’affaire Etat du Cameroun contre Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé Publique, et autres, pour de prétendus détournements de deniers publics, je voudrais exprimer ici toute la souffrance des accusés, celle de nos familles, de nos proches et de la déception certaine de nombreux citoyens, sympathisants et de simples observateurs. Après deux ans environ de procédure, il est aberrant, en tout cas choquant que l’accusation et la partie civile ne sachent pas encore qui va soutenir l’insoutenable pour elles, et retardent les débats au fonds pour cette carence.

Deux années déjà de détention préventive après 9 jours d’une rude garde à vue, c’est énorme pour des personnes dont l’évidence des faits établit l’innocence. Nous n’avons rien détourné. Pourquoi briser la vie de jeunes médecins de santé publique, parmi les meilleurs de leur génération, que j’ai choisis pour investir leurs compétences au service de la Nation ?

N’est-ce pas un luxe pour le Cameroun qui en a tant besoin ?
Nous sommes soumis aux méandres du temps judiciaire camerounais. Rien ne presse, la liberté des personnes en détention préventive n’est guère un souci, et finalement leur vie compte pour très peu. Pourtant, l’empathie aurait pu induire de comportements de justice plus authentiques. Un élan d’empathie peut-il surgir de nos consciences et toucher nos cœurs ?

Ceci n’est évidemment qu’un souhait, c’est évidemment aussi un appel à une méditation profonde de chacun sur le sens de la justice. C’est enfin un sursaut de conformité à un univers plus exigeant en matière de respect des droits de l’homme et de l’Etat de droit.

Je remercie les avocats de la défense pour leurs efforts pour rappeler et faire prévaloir la règle de droit, ainsi que pour l’exercice adéquat de leur devoir de vigilance face à une accusation abracadabrante et encline au dilatoire.
Dans ce chemin initiatique des humiliations et des souffrances qui nous est imposé, nous espérons au bout du compte faire la rencontre d’une conscience de justice, servie dans notre cas par la force de la vérité des faits”.