Foumbot : Un militaire du Bir moleste un proviseur

Robert Nkaké (stagiaire), à Foumbot | 10 Mars 2010 | Mutations |

Les enseignants exigent des informations sur leur proviseur tabassé par un élément du Bir.

Le proviseur du lycée bilingue de Foumbot, Nsangou Issah, a été battu le 22 février dernier, par un élément du Bataillon d’intervention rapide (Bir) au cours d’une altercation dans son établissement. C’est pour protester contre l’exaction du militaire que des enseignants de ce lycée ont décidé de déposer la craie depuis lundi 8 mars 2010. Un mot d’ordre de grève lancé par des enseignants et leurs élèves est effectif depuis hier mardi. La veille, des élèves sont descendus dans la rue pour y effectuer une marche de revendication.

Dans différentes artères de la ville, ils ont brandi une pancarte sur laquelle l’on pouvait lire : ”Nous et nos professeurs sommes en insécurité au lycée. Il faut que cela change”, soutient un témoin. Dans l’enceinte dudit lycée où plane un calme suspect, personne ne veut en parler, y compris les élèves. Cette crise remonte au jour où l’élément du Bir, non encore identifié, a fait irruption au lycée pour en découdre avec son proviseur. D’après quelques indiscrétions, un élève aurait été radié du lycée pour indiscipline notoire. Cet élève se serait plaint à l’élément du Bir en question [Ils auraient des affinités familiales], qui est venu régler les comptes au proviseur.

Raclée

L’homme au béret est venu exiger que le proviseur Nsangou Issah lève immédiatement la sanction qui pesait contre cet élève. Face au refus catégorique du maître des lieux de répondre aux sollicitations du requérant, la tension de l’homme en tenue est montée d’un cran. Les témoignages sont concordants.
Dans le voisinage dudit lycée, on reconnaît que le proviseur a encaissé des coups comme sur un ring de boxe, même s’il ne veut pas que la presse en parle. Et comme si cela ne suffisait pas, il a reçu une raclée. L’élément du Bir est aidé à cette ignominieuse et audacieuse tâche par deux de ses amis, tous en uniformes de combat.

Sous le regard indifférent des acteurs exerçant dans ce lycée. Alertés, les forces du maintien de l’ordre sont aussitôt descendues sur les lieux. Elles ont attrapé l’un des militaires revanchards et l’ont conduit à la gendarmerie du coin pour besoin d’enquête. Son nom n’a pas été communiqué. D’autres sources proches de l’établissement estiment que ce mutisme proviendrait d’un climat de méfiance entre le proviseur, ses élèves, des enseignants ainsi que l’Association des parents d’élèves (Ape). Ces derniers, précisent les mêmes sources, semblent se regarder en chien de faïence.