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Yaoundé : la vie sans eau courante

Posted by Admin on Feb 4th, 2010 and filed under Régions. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0. Both comments and pings are currently closed.

Écrit par Le Jour| Jeudi, 04 Février| Le jour

A cause des coupures d’eau que connaît la ville, certains se ruent vers des cours d’eau insalubres.

Mardi 2 février 2010, quartier Anguissa à Yaoundé. Il est 13 h et, depuis 10 h, Mireille Ambane, habitante du quartier, dit être à la quête de l’eau. « Depuis le matin, je cherche à avoir un peu d’eau pour faire la cuisine à mes enfants et faire le ménage à la maison, mais je n’en trouve pas », déclare, dépitée, la femme, un seau en main et un nouveau né sur son dos.
Malgré l’impact des rayons du soleil, Mireille est partie de chez elle pour l’un des puits du quartier, parce que, depuis deux semaines, les robinets installés par La Camerounaise des eaux sont à sec, comme dans la plupart des habitations d’Anguissa. Elle est à la recherche de la moindre goutte d’eau et dit être prête à tout : « Quelle que soit la quantité, j’ai besoin d’eau et quel que soit le lieu, je peux aller en chercher ». Seulement, le puits a tari à cause de la forte sollicitation et l’eau des quelques sources du quartier, d’après plusieurs habitants, a changé de couleur. La seule solution reste donc le ruisseau Ewoué, qui coule en contrebas de Nkoléwoué, la colline d’Anguissa.

Très tôt le matin, plusieurs habitants du quartier descendent avec des récipients jusqu’à l’Ewoué à la quête de l’eau. Il arrive que certains se bousculent. « Je préfère tout faire pour arriver le premier au ruisseau, avant que les gens n’aient sali l’eau », affirme Hervé Djamen. A quelques endroits, l’eau de ce ruisseau semble être claire et c’est à ces endroits que les habitants se bousculent. Une fois recueillie, l’eau du ruisseau est bouillie avant utilisation.
Certains affirment l’utiliser pour la lessive, d’autres pour la vaisselle ou le ménage. Car ils sont conscients que l’Ewoué est un ruisseau insalubre. A certains points, il sert de dépotoir aux habitants du quartier. A d’autres, il est utilisé pour évacuer les excréments et autres déchets de cuisine. Certains habitants orientent même les tuyaux de leurs toilettes vers son cours. Il est donc évident que ce cours d’eau dans lequel s’abreuvent plusieurs habitants d’Anguissa charrie plusieurs immondices. « Nous n’avons pas le choix. Dites-moi ce que nous pouvons faire. Certains d’entre-nous n’ont pas d’eau depuis trois mois. Dans tout un quartier, je crois que la moindre goutte d’eau est un trésor », indique Joseph Manga, l’un des notables de la chefferie du quartier.
Certains habitants qui ont voulu faire des puits dans leurs domiciles pour prévenir ces cas se sont confrontés aux difficultés financières. Il est demandé à plusieurs d’entre eux de verser des sommes allant à plus de 200. 000 Fcfa pour voir débuter les travaux.

Ateba Biwolé

Jamais sans mes bidons

Les habitants de la capitale du Cameroun ont imaginé divers stratagèmes pour faire face à la pénurie d’eau.

Au quartier Biteng à Yaoundé, Michel Engong n’a plus d’eau courante depuis six mois. Pour se ravitailler, il a fait construire un forage qui alimente son domicile, il y a trois mois. Cependant, dit-il, « en soirée, il est difficile d’avoir de l’eau propre, parce que les voisins  s’approvisionnent en eau».
A Essos, au lieu dit Elise Bar, Rachelle Mbanguè, enseignante et mère de quatre enfants, ne sait plus à quel saint se vouer face à la pénurie d’eau qui persiste. « Depuis trois mois, mon emploi de temps a changé. Je suis partagée entre la préparation des enfants et l’eau que je dois puiser. Le jour où elle ne coule pas à 5h, je suis obligée de sortir avec des bidons pour m’approvisionner à mon lieu de service ».

C’est la source Nkong-Assen qui alimente une partie du quartier Emana. Les habitants de cette zone ont construit un système de canalisation qui protège cette eau de source des éventuelles  intempéries. Non loin de cette source,  un ruisseau a été aménagé pour la lessive.
«En semaine, je puise de l’eau le lundi et le jeudi à mon lieu de service, je refais le même travail le samedi, mais cette fois-ci  avec les bidons. Quand au petit ménage, mon épouse et les enfants se débrouillent avec un puits du quartier », déclare un fonctionnaire vivant dans la zone.

D’après une habitante du quartier Biyem-Assi, «tous ceux qui vivent en hauteur ont ce problème d’eau depuis des années. C’est vers 22h que l’eau coule  et elle repart dès 6h du matin. « Nous nous approvisionnons dans les forages », explique-t-elle.
Dans les quartiers Oyomabang, Anguissa, Damas, Nsimeyong, Eleveurs, Manguiers… les difficultés d’approvisionnement en eau sont devenues un phénomène normal. Et là aussi, il y a un moment que leurs habitants ont imaginé diverses astuces pour goûter aux délices de l’eau potable.

R.N.M.

Dr Aloyse Thérèse Temfack :  «La maladie la plus courante c’est la diarrhée»

Diététicienne, expert agréé d’Etat, cette responsable en service à la clinique de Koumassi à Douala, elle parle des risques qu’il y a à consommer une eau non potable.

L’eau consommée par les Camerounais dans leur majorité est-elle à votre avis potable ?
Il faut déjà savoir ce que c’est qu’une eau potable. A priori, une eau potable c’est une eau incolore, inodore et sans saveur d’après ce qu’on nous a appris à l’école. Mais il y a des caractéristiques beaucoup plus importantes. La qualité hygiénique de l’eau ne se voit pas à l’œil nu, il faut des analyses bactériologiques pour définir si une  eau est propre à la consommation humaine ou pas. Et puis, il faut aussi tenir compte de la composition chimique de l’eau. Il y a en effet des minéraux qui sont toxiques pour l’homme, qui sont solubles dans l’eau et donc invisibles à l’œil nu. Donc, à mon avis, sur le marché camerounais il y a beaucoup d’eaux qui remplissent les premiers critères à savoir incolore, inodore. Mais beaucoup ont une saveur d’argile qui est désagréable mais pas forcément dangereuse pour la santé. Le ministre de la santé et son homologue de l’eau, des mines et énergie doivent être assez regardants sur cet aspect.

A quelles maladies s’expose-t-on quand on consomme une eau non potable ?
Généralement, on parle d’intoxication alimentaire ou intoxication à l’eau. La maladie la plus courante c’est la diarrhée, on peut aussi contracter la fièvre typhoïde en buvant une eau qui contient des samonenn (microbes qui transmettent la typhoïde). On peut également se retrouver avec une dysenterie amibienne, ou le choléra, pour ne citer que ces maladies-là.

L’eau de forage peut-elle constituer une alternative pour résorber la non potabilité de l’eau au Cameroun?
Tout à l’heure j’ai parlé de qualités chimique, bactériologique, etc. Le plus souvent l’eau de forage chez nous est inodore et incolore mais a une saveur d’argile. Et puis la qualité chimique n’est pas toujours très bonne, ça dépend du sol d’où est extraite cette eau. Les propriétés de l’eau varient en fonction du lieu de captage. Il y a des eaux qui contiennent beaucoup de fer, de nitrate et même du plomb, pour ne citer que ces éléments-là. La présence de ces sels minéraux est dangereuse pour la santé de l’homme surtout quand le seuil de tolérance qu’on appelle encore seuil d’acceptabilité, est dépassé.

Il y a aussi ces eaux ensachées qui pullulent dans les rues…
La majorité des eaux ensachées qu’on trouve sur le marché camerounais sont des eaux de forage. Sur le plan national, les producteurs d’eau ensachée ne sont pas inquiétés par las services de contrôle de qualité, l’Etat devrait être plus regardant sur ce détail. Et puis tous les sachets ne sont pas appropriés pour l’emballage des denrées alimentaires. Tous ont certes le même aspect transparent, mais la matière n’est pas toujours la même.

Au finish, quels conseils pratiques donneriez-vous aux camerounais afin que soit améliorée la qualité d’eau consommée par ceux-ci ?
Sur le plan national, le contrôle de qualité devrait être plus présent et plus efficace afin que le consommateur soit à l’abri des désagréments qui peuvent en découler sur le plan sanitaire. Ensuite, les distributeurs et les consommateurs devraient s’assurer que le produit qu’ils consomment est agréé. L’eau de Camwater n’est pas toujours incolore sur le plan hygiénique, elle jouit néanmoins d’une certaine fiabilité, l’aspect de l’eau n’étant pas forcément le plus important. Camwater est avant tout une société soumise à des contrôles de qualité réguliers. Vous vous rappelez certainement les épidémies de choléra enregistrées il y a quelques années à Douala et dans certaines villes du pays. Ces épidémies étaient dues au fait que les populations ayant des préjugés défavorables par rapport à la qualité de « l’eau de robinet » (celle-ci était salée), préféraient consommer l’eau de puits avec les conséquences qui en ont découlé.

Propos recueillis par Théodore Tchopa

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