Total Cameroun chasse 120 employés

Par jacques.doo.bell | Jeudi 24 juin 2010 | Le Messager|

Selon la note 341 Dg-2010/1-0067, la direction générale de Total-Cameroun (Exploration et Production) et les délégués du personnel, avec la bénédiction du ministère du Travail et de la prévoyance sociale, ont signé le 08 juin dernier un protocole d’accord qui contraint plus de cent e employés, les nationaux notamment à la retraite anticipée et aux « départs volontaires ». Sont concernés par ce document les salariés « sous contrat à durée indéterminée ayant une ancienneté de… 5ans dans l’entreprise au 1er janvier 2010 » Les salariés appartenant à la tranche d’âge de 57 à 59 ans en 2010. « et qui expriment le désir de quitter volontairement la société en bénéficiant de la retraite anticipée ». Sont aussi concernés « les salariés dont les portes ont fait l’objet, soit d’un aménagement ou d’une redistribution des tâches et dont le profil ne correspond plus avec les compétences requises, soit d’une suppression ou d’un transfert à la sous-traitance.

La note de la direction générale est assortie d’un modèle de lettre de départ que ces « naufragés volontaire doivent recopier et déposer à la direction des ressources humaines et de la communication d’ici à fin de ce mois de juin. Le protocole d’accord détermine évidemment les conditions d’indemnisation pour ceux qui veulent anticiper leur retraite et les autres départs volontaires. Il comporte le paiement d’une prime fixe, d’une prime variable. Il détermine aussi un certain nombre d’avantages. Qui peuvent paraître alléchants mais qui en fait ne sont qu’un miroir aux alouettes. Selon des sources introduites, nous apprenons que depuis 1993-1994, cette entreprise pétrolière est au moins à son cinquième plan de réduction des effectifs. Parallèlement depuis ce temps le groupe Total a renforcé ses capacités d’exploration et de production dans le monde. Notamment dans le Golfe de Guinée (Cameroun, Gabon, Congo, Brazzaville, Guinée équatoriale), au Nigeria et en Angola.

En 2009, cette entreprise aurait engrangé des bénéfices nets estimés à au moins un milliard d’euros par mois soit l’équivalant de 650 milliards de Fcfa. Ce qui a amené l’Etat français dont Total est l’une des mamelles nourricières à s’opposer à la réduction des effectifs dans ses raffineries. Une telle mesure avec de tels bénéfices défie toute logique. Au Cameroun, selon nos sources, Total contrôlerait 80 à 85 % de la production pétrolière. Avec le coût de production relativement faible, n’atteignant pas cinq dollars le baril.

On peut alors se poser des questions sur les motivations réelles du Padec que Total-Cameroun propose à son personnel dont ceux qui ne travaillent que depuis cinq ans. Celles-ci seraient de trois ordre au moins.

* sur un plan idéologico-économique, on est en face d’un capitalisme des plus inhumains qui contraint ceux qui vont continuer à travailler plus pour gagner peu. Car rien n’indique que les « rescapés » que l’entreprise se réserve l’opportunité de conserver, verront leur salaire augmenter.
* Il s’agit aussi néo-colonialisme qui, en réalité, permet à la France d’alléger ses problèmes de chômage car ce sont des entreprises comme Total qui absorbent nombre de cadres français chez eux et qui, dans nos pays perçoivent des salaires faramineux assortis d’avantages enivrants. Parfois avec peu de qualification. Le Padec en cours permettra sans aucun doute aussi à la compagnie d’augmenter son rendement.
* Ce plan fait grincer les dents parmi les Camerounais, toutes catégories confondues, qui travaillent à Total. Pour eux, parler d’ajustement des compétences ne veut pas dire grand chose. Le renforcement des capacités du personnel n’étant pas la préoccupation cardinale ici. « sinon, comment pourrait-on se séparer d’un travailleur qui n’a que cinq ans dans la société si celui-ci a un plan de carrière bien défini. » Se lamente un agent. « Dieu merci, en Afrique, on a un moral d’acier. On ne se suicide pas pour si peu. On peut se tirer d’affaire même avec ces miettes » assure un autre agent. Quelque 120 personnes seraient sur la ligne de départ