Yaoundé : Le hall de l’aéroport de Nsimalen fermé

Cette mesure frappe les accompagnateurs des voyageurs, les porteurs et le personnel sans badge.

Ambiance inhabituelle ce mardi 21 septembre à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen. Il est 13 h. Les derniers passagers en provenance du grand nord et du Kenya, entre autres, tirent eux-mêmes leurs valises et les chariots.

Vêtus de chasubles vertes fluo, les chargeurs sont oisifs. Ils causent, jouent aux cartes ou boivent de la bière au “hangard”. Le petit marché situé à l’entrée de l’aéroport. Des haies de la Communauté urbaine sont placées par endroits. De part et d’autre, policiers et gendarmes assurent “la sécurité”.

On peut circuler aisément en matinée, affirme pourtant un policier. « En soirée, lorsque les vols des grandes compagnies aériennes comme Swiss, Air France et autres embarquent, seuls les voyageurs peuvent pénétrer dans l’enceinte de l’aéroport. Il y a alors un monde fou dehors», explique un porteur. En clair, le hall de l’aéroport n’est plus accessible aux personnes qui accompagnent ou viennent accueillir les voyageurs.

A la direction des Aéroports du Cameroun (Adc), aucun cadre ne veut s’exprimer officiellement sur cette mesure entrée en application il y a un peu plus d’une semaine. Une source digne de foi nous confie que la décision de fermer le hall de l’aéroport aux accompagnateurs, aux porteurs et même au personnel des Adc sans badge a été prise conjointement par le commandant de compagnie de gendarmerie de l’aéroport de Nsimalen, le préfet de Mfou et le Pca des Adc. Le but ici étant de préserver la sécurité des hommes et des biens à l’aéroport.

Bir

Selon un autre cadre des Adc, c’est une accumulation de faits qui a provoqué cette décision. « Les riverains de l’aéroport ont pris l’habitude de traverser la piste d’atterrissage. Pour les en dissuader, le commandant de la compagnie de gendarmerie a décidé de les arrêter et de les mettre en garde à vue à Mfou. Ce qui a entraîné des tensions avec les familles. Ayant pris peur d’un soulèvement de la population, le commandant a demandé le renfort des forces de l’ordre. Dans la nuit de mercredi, des éléments du Bir étaient nombreux aux alentours de la piste et le lendemain, jeudi, on a fermé le hall ».

L’autre raison serait qu’une passagère suspecte, s’est illicitement introduite dans un avion d’Air France. La femme, qui accompagnait son fils mineur, n’avait pas de pièce l’autorisant à effectuer le voyage pour la France. De plus, il y a deux semaines environ, un prétendu malade mental a été trouvé couché sous un avion immobilisé sur la piste.

Enfin, l’aéroport est devenu insalubre : « Le matin, nous sommes étouffés par les odeurs d’urines et d’excréments. Profitant de la pénombre, les gens se mettent à l’aise n’importe où », déplore un agent de nettoyage. Mais, les plus malheureux sont les porteurs qui se tournent les pouces. « Les policiers font désormais notre travail et s’en mettent plein les poches », avance un porteur. Le snack bar de l’aéroport subit également de grosses pertes.

Cette mesure influe aussi négativement sur le fonctionnement des compagnies aériennes, qui accusent de plus en plus de retard. « Nous sommes obligés d’attendre les passagers qui ne se retrouvent pas dans tout ce désordre. Cela nous oblige à payer des pénalités. C’est impensable. Comment peut-on fermer le hall d’un aéroport ?», se plaint le chef d’escale d’une compagnie aérienne.

Cathy Yogo