Polycarpe Abah Abah restera en prison

Par souley.onoholio | Lundi 5 juillet 2010 | Le Messager|

Il y avait quelque chose de suspect et d’assez insolite vendredi dernier, dans le retard accusé au démarrage de la 4ème audience criminelle concernant le procès Polycarpe Abah Abah et ses co-accusés. Dès 10 heures, le nombreux public, de plus en plus intéressé par l’affaire, avait déjà assiégé la salle d’audience. Une trentaine de minutes plus tard, sont arrivés les accusés et le collectif des avocats de la défense. Mais au fur et à mesure que le temps passait, les émotions devenaient palpables, tandis que les inquiétudes gagnaient en ampleur : le banc était resté vide. Curieusement. Même le collège des juges conduit par le magistrat Gilbert Schlick, président du tribunal de grande instance de Yaoundé, qui avait demandé aux différents acteurs concernés par l’affaire d’être là à 11 heures précises, n’était pas arrivé. Après près de quatre heures d’une attente harassante, la salle se vide aux trois quarts d’une foule de « curieux » et « badauds » qui croyaient que le procès n’aurait plus lieu.

Une fois dans la salle aux environs de 14 heures 45 minutes, le président du tribunal de grande instance ouvre les hostilités, présente ses excuses au prétexte que son retard est dû au fait que le délibéré qu’il croyait aisé, n’a pas été très facile. Sans tarder, il rend sa décision de laquelle, il ressort que les exceptions de nullité de la procédure soulevées par les avocats de la défense sont irrecevables. Autre curiosité qu’on ne lui connaît pas, le magistrat Gilbert Schlick conseille aux gens de sortir de la salle dans le calme ; comme s’il craignait que sa décision ne crée quelques remous. Il invite également le ministère public à s’assurer que tout se passe bien. Au bénéfice de cette exigence de calme, les avocats de la défense de Polycarpe Abah Abah, expriment quelques soupçons. Pour eux, les dés sont pipés et le procès qu’ils croyaient propre, n’offrirait plus les garanties attendues. La tragédie du doute va davantage s’installer lorsque, alors qu’ils tentent d’approcher leur client pour un bref entretien sur le sort et la conduite à tenir après la décision du juge, ils sont farouchement éconduits par la meute de gendarmes, commis à la surveillance de l’ex-Minefi. Celui-ci est brutalement embarqué dans le véhicule de circonstance et instamment ramené à la maison d’arrêt de Kodengui.

Un autre renvoi pour le 9 juillet

Interrogés sur l’enlisement de la procédure et le musellement sur lesquels semblaient s’adosser leurs plaintes, les avocats de la défense sont restés très peu bavards. « Nous n’avons pas de commentaires à faire sur la décision de justice, à ce stade de la procédure. Nous pensons que les magistrats ont rendu leur décision en leur âme et conscience ; de même que nous espérons que les pressions sur lesquelles nous avons fondé nos craintes, ne les ont pas influencés. Maintenant, nous allons apprécier l’opportunité d’engager les voies de recours prévues par la loi en pareille circonstance » clament-ils. Toutefois, quelques uns parmi eux affirment que le juge n’a même pas examiné leurs exceptions ; aussi s’interrogent-ils sur la question juridique de savoir si le collège des magistrats appelés à juger cette affaire, va juger un homme qui ne sait pas « ce qu’on lui reproche ». Le juge a prononcé un autre renvoi pour le 9 juillet prochain pour continuation des débats. Une audience que disent attendre de pieds fermes les avocats, car à les croire, ils seront cette fois « informés » de ce qu’on reproche à leur client. Dans les coulisses les avocats de la défense, ont brandi la menace de saisir les instances juridiques internationales. Le procès révèle déjà des insuffisances d’une justice camerounaise qui ne semble pas disposer des capacités à garantir une justice équitable.