Bokam accuse les gendarmes de trafic d’armes

Par Justin Blaise Akono | 27 janvier 2010| Mutations

Le Sed a pourtant relevé les exploits de ses pandores hier à Yaoundé, lors de la prise d’armes.

Cour centrale de l’Ecole de gendarmerie du Camp Yayap Moussa à Yaoundé. Gendarmes de tous les grades (hommes de troupes, sous-officiers, officiers et officiers généraux) et des différents corps dont le groupement polyvalent d’intervention de la gendarmerie (Gpig), très visible de par sa tenue bleue tirant vers le noir, tous se sont donné rendez-vous hier pour accueillir le secrétaire d’Etat à la Défense (Sed) en charge de leur secteur, Jean-Baptiste Bokam Nkoumba. Ce, dans le cadre de la prise d’armes. Ce terme indique la cérémonie de présentation des vœux chez les soldats. Cérémonie pendant laquelle le patron de ce corps passe une communication dite «spéciale», dans le but de remobiliser ses troupes. Jean Baptiste Bokam n’était pas à son premier rendez-vous avec les Pandores. Mais, cette fois, il a semblé avoir découvert les maux qui empêchent la gendarmerie de remplir entièrement ses missions. «Quand bien même toutes les conditions seraient réunies pour notre déploiement optimal, il nous faudrait d’abord terrasser notre premier ennemi, notre ennemi de l’intérieur : l’indiscipline», a martelé le secrétaire d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie.

D’ailleurs, «c’est prêcher à des convertis que de rappeler que la discipline est la force des Armées», a-t-il relevé, engageant par ailleurs ses soldats à «se faire violence, au besoin, pour veiller chacun à son échelle de commandement au renforcement de la discipline».
Le Sed sait également que les Pandores sont coupables d’autres déviances qu’il considère comme indiscipline. Notamment des comportements déviants «qui vont des collusions mafieuses aux petits arrangements avec les justiciables dangereux en passant par des enquêtes bâclées, sans oublier le harcèlement des usagers», Jean Baptiste Bokam le sait. Il sait aussi que «certaines unités s’illustrent avec des moyens mal gérés et des véhicules sur utilisés partout, sauf là où l’on en a le plus grand besoin». En égrainant son chapelet de déviances, le Sed estime que la gendarmerie doit aussi extirper «le virus de la corruption dans ses rangs dans un contexte où la gouvernance financière et morale est à l’ordre du jour dans tous les corps sociaux».

Bilan
Et pourtant, c’est le même corps de l’Armée que le Sed glorifie d’entrée de jeu, faisant le bilan de l’année 2009. Il compte par dizaines les faits d’armes des gendarmes, par centaines leurs actes de bravoure et par milliers leurs enquêtes. A titre d’illustration, les résultats significatifs obtenus dans la lutte contre les coupeurs de route dans le Septentrion, grâce à la synergie avec le bataillon d’intervention rapide (Bir). Les gendarmes se réjouissent de la «bonne couverture sécuritaire des fêtes de fin d’année.» Et pourtant, le Sed affiche ses peurs quant aux méthodes «de plus en plus variées et affinées», a indiqué le Sed pour qui «ces brigands sont passés à une utilisation d’armes de terreur massive.

C’est un véritable cauchemar pour nos population», s’est inquiété Jean Baptiste Bokam. Le chef de la gendarmerie demande à ses Pandores d’aller au-delà de leurs capacités opérationnelles en hommes et en logistiques : assumer leurs missions avec honneur et fidélité.
Le Sed a dispensé tout un cours sur le renseignement qui tourne autour de la «Gendarmerie de proximité». Un autre cours sur les droits de l’homme. «Il s’agit de suivre particulièrement l’évolution des situations conflictuelles génératrices de trouble. Tout foyer de tension doit être éteint, toute menace endiguée, toute mauvaise velléité étouffée…sans dommages collatéraux», a-t-il conseillé à ces hommes qui ne manquent pas régulièrement d’utiliser leurs armes et la couverture de leurs uniformes pour abuser des civils. Même si leurs «patron» indique qu’il est bien placé pour savoir que la volonté seule ne suffit pas, que cette tâche dévolue à la gendarmerie n’est pas aisée.