Le congrès unitaire de l’Upc hypothéqué

Upc : Les fractions divisées sur le congrès de l’unité

Le courant de Samuel Mack Kit désavoue le congrès «unitaire et consensuel» dont la réunion préparatoire s’est tenue ce samedi à Eséka.

« Nous ne sommes pas associés à cette démarche (préparation du congrès d’Eséka). Et l’Upc n’a d’ailleurs pas de problème de division ». Ces propos du docteur Samuel Mack Kit ont le mérite d’être clairs. L’Union des populations du Cameroun (Upc), tendance « fidèle », ne prendra pas part au congrès d’Eséka. Elle n’a d’ailleurs pas envoyé de représentants à la rencontre préparatoire qui s’est tenue dans cette même ville samedi dernier, 18 septembre 2010. Ledit congrès qui se veut « unitaire et consensuel » semble donc déjà hypothéqué avant même d’être lancé. Il est organisé à l’initiative de deux des trois tendances de l’Upc: l’Upc-H de Henri Hogbe Nlend et l’Upc-K d’Augustin Frédéric Kodock.

Pour expliquer son déni des schismes au sein du premier parti politique camerounais (créé le 10 avril 1948, à Douala), l’Upc « fidèle » réfute l’apparentement upécisme des autres tendances. Le secrétaire général (Sg) de cette tendance, M. Moukoko Priso, s’interrogeait récemment, au cours de l’émission « La grande tribune », sur Equinove Tv. «Sont-ils (M. Kodock et M. Hogbe) upécistes? Comment peuvent-ils être upécistes et participer à des gouvernements Rdpc?». Car il faut le rappeler, le parti au pouvoir et l’Upc se situent sur des lignes idéologiques à priori, irréconciliables. Le premier est d’obédience libérale (droite) et le second, progressiste (gauche).

Mais l’Upc « fidèle » ne s’oppose pas totalement à cette idée de l’unité du parti de Ruben Um Nyobè. «Nous ne sommes pas contre l’unité. C’est même une question qui nous tient à cœur», se défend M. Mack Kit. «A preuve, nous avons initié un premier congrès unitaire en septembre 1996 à Yaoundé. H. Hogbe Nlend et A.F. Kodock n’ont pas daigné nous faire le plaisir d’apparaître pendant les 4 jours de l’assemblée. Nous en sommes sortis globalement satisfaits. Mais, le lendemain, ces partisans du pouvoir Rdpc ont affirmé que notre congrès n’avait pas eu lieu», argumente encore le président de l’Upc ‘fidèle.’
«Nous avons continué à œuvrer pour l’unité, malgré ces incompréhensions», poursuit-il. La déclaration «Pour avancer dans [une] dynamique de rassemblement. 10 propositions de l’Upc» résume actuellement la position de ce courant sur l’épineuse question de l’unité. Elle est le fruit de la 4è session ordinaire de son Comité directeur, tenue à Douala les 27 et 28 juin 2010. Ce document préconise, avant tout, que chacune des tendances «présente le bilan de ce qu’il a fait depuis 1990 (ou 1955? (sic) jusqu’en 2009». Chacune pouvant commenter l’action des autres.

Conseillant d’éviter «une unité rapide et amnésique», il exhorte les upécistes à rechercher les causes de l’échec du «congrès unitaire de Yaoundé» en 1996. En outre, il ne prône ni ne déconseille la dissolution des «directions actuelles» du parti progressiste. Ladite déclaration recommande également la création d’un Comité conjoint pour le rassemblement (Ccr). Qui devra être constituée de 6 à 9 membres, venant des différentes tendances du mouvement. Sa mission: préparer, en six mois, le terrain, pour la tenue d’un nouveau congrès unitaire. C’est d’ailleurs le bilan de ces travaux préparatoires qui devrait permettre aux Upcistes de «savoir s’il [leur] est possible d’avancer ensemble et comment».

Cette proclamation insiste, par ailleurs, sur le fait que le Ccr devra décider «par consensus et sans vote». Elle rappelle enfin que «les upécistes fidèles (…) ont été de toutes les démarches depuis toujours». C’est pourquoi elle formule le vœu «qu’on ne recommence pas la même chose que ce qui a déjà été fait avant, et qui n’a pas permis un vrai rassemblement upéciste». S. Mack Kit a expliqué à Mutations que ces propositions n’ont «jamais reçu de réponse» de la part des autres tendances. C’est ce qui lui fait dire, en référence au congrès consensuel qui se prépare, que «l’on (référence à M. Hogbe et à M. Kodock) ne peut pas parler de consensus lorsque l’on n’accorde pas d’importance aux propositions des autres, se limitant aux siennes propres». Ainsi, c’est plutôt un congrès de la désunion qui se profile à l’horizon pour le parti au crabe.

Brice T. Sigankwé (stagiaire)