Bafoussam : Une chaudière de savonnerie explose

Une panne technique à l’origine de l’éclatement des soupapes de transmission à la la Société Camerounaise de savonnerie.

Les images sont indélébiles : un long mur effondré sur le flanc arrière de l’usine, des feuilles de tôles éparpillées à plusieurs centaines de mètres. Des plantations envahies par une épaisse couche de poussière noirâtre. Tel est le lourd bilan d’une explosion survenue au petit matin de samedi, 9 octobre dernier, à la Société Camerounaise de savonnerie (Scs), à Bafoussam. Il y en a bien plus. Une quinzaine de maisons d’habitation atteintes par la furie des explosifs. Des porcheries avec leurs bétails entièrement en lambeau, englouties sous les décombres encore enfumés.

Tout laisse croire que la pression de la chaleur était très forte et le choc aussi violent que dévastateur. Au point où le nommé Jean Ngankam, la trentaine sonnée a été grièvement blessé. Opérateur chaudière de son état, il a été transporté à l’hôpital régional de l’Ouest à Bafoussam, avant d’être évacué à l’hôpital général à Yaoundé : «Il a subi un choc sur la tête et au dos», a attesté un chef d’équipe dans la même structure. Des habitants du quartier Kamkop, à Bafoussam 3ème, quant à eux, n’ont pas été épargnés. Ils ont été brusquement réveillés très tôt, «croyant qu’un avion avait atterri», confie l’un d’entre eux. Que non. Ils ont plutôt été surpris par un bruit presque assourdissant en provenance d’une usine de production de savon et d’huile végétale. Une structure vieille d’environ 18 ans, pilotée Jean II Fotso.

Lequel promoteur n’a pas jugé opportun de dire un mot par rapport à cet accident. Prétextant qu’il est très occupé, il a confié le reporter de Mutations à Dieudonné Kekena, directeur d’usine [en poste depuis un an]. «Aux environs de 4 heures du matin, l’une des trois chaudières à tube de fumée a explosé suite à une surpression. Elle n’a pas pu retenir la pression de la vapeur à la sortie. Dans le cas d’espèce, il y a deux types de systèmes, dont l’un est électrique et l’autre mécanique. Suite à une défaillance du système électrique au niveau du processus de fonctionnement de la machine, le système mécanique, à lui seul, n’a pas pu résoudre le problème. La soupape a craché le chaud en laissant sortir l’excédent de pression», a expliqué Dieudonné Kekena, directeur de ladite structure. La chaudière en question permettait de produire de la vapeur devant intervenir dans le processus de fabrication du savon.

Dans des familles riveraines, c’est la consternation et la désolation. Des projectiles ont transpercé toutes les toitures de maisons, avant de retrouver leurs occupants à l’intérieur. Le cas le plus pathétique d’Emmanuel Kamga, commerçant, témoigne de la gravité du massacre dont ont été victimes ses quatre enfants qui ont risqué de passer de vie à trépas, écrasés en plein sommeil par de gros morceaux de parpaing. Il s’agit des nommés Dassi (10 ans), Fongang (9 ans), Toussé (8 ans) et Fotso (7 ans). Ils ont été internés dans un ‘‘Cabinet de santé de secours’’ du coin. Ils reçoivent des soins intensifs. D’après des déclarations du Dr Daniel Fonkoua, ils souffrent respectivement de ‘‘traumatisme crânien et de douleurs articulaires et lombaires, ainsi que de contusions post traumatiques’’. Tandis que les familles des nommées Marie Madeleine Mawé, Emilienne Makoutsing et Christine Lambo Nougou, vont à n’en point douter, passer des nuits à la belle étoile. Leurs domiciles sont touchés.
Reste que des familles sinistrées, sont toujours aux abois avant la riposte. Elles entendent également dénoncer des pollutions atmosphériques issues de cette entreprise au dispositif sécuritaire précaire, et au vieillissement des machines.

Robert Nkaké (Stagiaire) |11 Octobre 2010|Mutations|