Inertie : Voile sur les noces d`or de la réunification

A moins de six mois du cinquantenaire, le comité d’organisation entretient un flou total sur le lieu et le programme de l’évènement.

Selon les prévisions du comité national d’organisation des cinquantenaires de l’Indépendance et de la réunification du Cameroun, les festivités du cinquantenaire de la Réunification devaient avoir lieu le 1er octobre prochain. En l’état actuel des choses, rien ne laisse pour autant présager que la date de la célébration sera respectée.
Sur le portail du gouvernement dédié aux cinquantenaires, c’est le black-out complet sur le lieu et le programme de cet évènement majeur. L’internaute bute plutôt sur des textes faisant état des dernières audiences et prestations du chef de l’Etat, Paul Biya, et des découvertes de palais présidentiel. De même, le président du comité d’organisation des cinquantenaires de l’Indépendance et de la Réunification du Cameroun, Martin Belinga Eboutou, par ailleurs directeur du Cabinet civil (Dcc) à la présidence de la République, lors de la première réunion du 22 février 2010, ne faisait pas particulièrement mention des 50 ans de la Réunification, à 3 mois de la célébration des 50 ans de l’Indépendance.

Le Dcc indiquait alors que «Ce ne sera pas le moindre défi à relever par notre comité, que de faire en sorte que la célébration du cinquantenaire de notre indépendance doublée pour nous autres Camerounais de celle de la Réunification de notre pays, soit l’affaire de tous les Camerounais sans exclusive. Le succès de notre comité sera jugé à l’aune du caractère populaire que nous saurons donner à la célébration de ce double cinquantenaire, ainsi qu’à la manière dont nous allons savoir fondre dans un même mouvement ce double événement. Parce qu’il nous faudra faire de cette fête, la fête de l’unité».
Par ailleurs, l’on est sans nouvelle des résultats de projet de réalisation de deux monuments nationaux dédiés l’un au cinquantenaire de l’Indépendance commémoré en 2010 et l’autre aux 50 ans de la Réunification du pays célébrés en 2011. Le monument de l’Indépendance devait être réalisé à Yaoundé (il est à la moitié achevé), la capitale du pays, tandis que celui de la Réunification devait pour site Buéa, chef-lieu de la région du Sud-Ouest et symbole de cet événement ayant consacré la réintégration de la partie anglophone du Cameroun rattachée au Nigeria du fait de la colonisation.

Budget
Unique pays d’Afrique à avoir connu une double administration coloniale, française et britannique, ayant donné lieu à une division en deux parties du territoire national, le Cameroun est devenu un Etat indépendant le 1er janvier 1960. Le 1er octobre 1961 marque la fin de cette partition avec la Réunification. Dans son message de vœux du Nouvel an à la nation le 31 décembre, le chef de l’Etat, Paul Biya, a annoncé des festivités commémoratives de ces deux événements en 2010 et en 2011. Dans son message à la nation du 19 mai 2010, le chef de l’Etat, Paul Biya, déclarait que «le 31 décembre dernier [2009, ndlr], je vous ai annoncé que nous célébrerions cette année le cinquantenaire de notre Indépendance, prélude à notre Réunification, et que les commémorations trouveraient leur apothéose lors de notre fête nationale. C’est en ouverture à ces événements que je m’adresse à vous ce soir pour dégager la signification et la portée de l’accession de notre pays à la souveraineté.

Le 1er janvier 1960, nous devenions indépendants. Cela signifiait que nous prenions en mains notre propre destin, que nous devenions responsables de la conduite de nos affaires, que nous aurions à répondre de nos actes devant l’Histoire».

Outre le flou autour de la date de la célébration de la Réunification, comme cela a été longtemps le cas pour le cinquantenaire des armées à Bamenda, des questions subsistent également sur le budget de l’événement en cette année d’élection présidentielle. S’agissant du cinquantenaire de l’Indépendance, le président du comité d’organisation avait parlé d’un «budget spécial», sans autres précisions. Quid du cinquantenaire de la Réunification. Mystère et boule de gomme. Pour les noces d’or de l’Indépendance, un certain nombre de chantiers avaient été engagés dans la capitale pour matérialiser l’évènement. Même si aujourd’hui, ils sont, pour la plupart, inachevés. Les détails de la célébration avaient été par ailleurs donnés longtemps à l’avance.

Menaces et certitudes
Le Cameroun est un et indivisible. Pour sentencieuse qu’elle soit, cette assertion ne reflète pas moins la réalité des faits dans un monde où l’union fait de plus en plus le poids devant la désunion, ce en dépit des velléités sécessionnistes qui fleurissent ici et là. Au Cameroun, le principal son discordant dans l’hymne à la Réunification, c’est bien le Southern Cameroon national council (Scnc). Ce mouvement qui a entrepris depuis quelques années de marquer, par diverses actions, ses aspirations à la partition du pays. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2010 par exemple, le drapeau du Scnc a été hissé dans cinq localités de la région du Nord-Ouest à l’occasion de la célébration du 49e anniversaire de l’Indépendance du Cameroun occidental. Il s’agit de Kumbo, Jakiri, Mbiame, Tatum et Mbengwi. L’acte ainsi posé était la manifestation de l’indépendance du Southern Cameroon vis-à-vis de la République du Cameroun.

Mais, dans l’ensemble, les démarches sécessionnistes du Scnc butent sur un rocher populaire quasi-répulsif. Ce d’autant plus que, même du point de vue légal, le Scnc accumule des casseroles. Ainsi, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp), institution spécialisée de l’Union africaine, a rendu sa décision sur la communication concernant Kevin Ngwane Ngumne et autres, contre l’Etat du Cameroun, au cours de sa 45e session tenue à Banjul du 13 au 27 mai 2009, et ce, six ans après sa saisine par Dr Kevin Ngwane Ngumne et autres.

Aux termes de cette décision, la Commission avait d’ailleurs rejeté toutes les prétentions sécessionnistes des intéressés agissant comme représentants du Southern Cameroons National Council et de la Southern Cameroons Peoples’ Organization (Scapo). Elle avait également récusé les allégations de discriminations et de violences à l’encontre de la communauté anglophone contenues dans ladite communication.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples avait notamment recommandé au Scnc et à la Scapo en question d’abandonner toutes velléités sécessionnistes, et d’envisager de se transformer en parti politique en cas de nécessité, pour apporter leur contribution en tant que citoyens à la construction du Cameroun. Elle leur recommandait, en outre, d’engager, dans le respect des lois et règlements de la République, un dialogue constructif avec l’Etat du Cameroun, sur les problèmes constitutionnels et les autres griefs soulevés par eux, en l’occurrence le sentiment de marginalisation dont souffrirait la communauté anglophone. Mais, le Scnc reste actif. La preuve cette correspondance adressé le 3 mai dernier par ce mouvement aux Nations Unies pour revendiquer l’indépendance du Cameroun britannique.

Georges Alain Boyomo | 18 mai 2011| Mutations|

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